Vous devez lire depuis quelques jours des tonnes de billets plus ou moins inspirés sur les déboires des voyageurs coincés, les malheurs des enfants privés de vacances, les stratagèmes de business men en route vers ou depuis un pays exotique, les temps inimaginables et les détours innombrables pour relier 2 points alors qu’on nous serine depuis tout petit que le chemin le plus court est une ligne droite… Et puis de temps en temps l’arc-en-ciel dans les nuages. Le « proverbial silver lining ». Le billet qui m’a réconcilié avec tous les billets. Parce que j’aime ce volcan et tout ce qu’il entraîne, et ça fait du bien de savoir que je ne suis pas la seule.
Depuis vendredi, je suis fascinée par tous ces voyageurs, ces familles, ces business people, ces people tout court, ces politiques, ces patrons de compagnie aérienne, ces cheminots, ces anonymes… Pour une fois qu’une catastrophe naturelle ne fait aucun dégât humain, on se plaint encore… Plutôt que de dire « je préfère être coincé là que dans un avion en flammes », on dit « c’est inadmissible de ne pas pouvoir rentrer/partir en vacances/envoyer les enfants chez les grand-parents/… ». A quelques mois d’une catastrophe aérienne qui a touché de nombreux Français, à quelques jours à peine d’une autre qui a décimé la moitié du gouvernement d’un pays voisin, on préfère encore prendre des risques… Pour aller au soleil/au bureau/ailleurs…
Moi j’aime bien cet immobilisme forcé. C’est reposant. On ne peut prévoir d’aller ou venir nulle part. On doit se contenter de là où on est. Ce matin, sur une radio que j’écoute en grande partie pour sa revue de presse et sa revue du net, on interrogeait des français bloqués à New York. Ils se plaignaient car après une semaine, ils avaient tout vu et ça ne servait à rien de rester plus longtemps… Quand on sait qu’il faut plus de 2 jours entiers pour faire le Met, des mois pour découvrir tous les recoins de Central Park, au moins autant de dimanches que de gospels à Harlem, plus de shows à Broadway que de jours de l’année… Comment peut-on penser avoir fait le tour de cette ville en 7 jours ?
Enfin trêve de digressions, revenons en au silver lining. Mon inspiration cite Barthes, moi depuis vendredi je pense à Ravages. Pourtant pas mon roman préféré de Barjavel (je suis une inconditionnelle de la Nuit des Temps, ça doit être ma fibre scientifico-romantique), son point de départ m’a toujours marqué. Cette longue descente d’escaliers au début du roman m’a hanté pendant longtemps. Et même si on en est loin, parce que Twitter marche encore quand même, il y a un début de ce début dans ce qui nous arrive.
Et puis il y a cet autre volcan encore endormi. Je me surprends presque à avoir envie qu’il se réveille aussi celui-là. Juste pour voir.
Ah, le billet qui m’a inspiré, c’est là.