Bon, j’avais parlé de ma déception lors de la lecture du premier roman de Flore Vasseur. Comme je n’aime pas me faire une impression sur un seul livre et que je l’avais déjà acheté de toute façon, j’ai enchaîné avec le deuxième, Comment j’ai liquidé le siècle. C’était d’ailleurs lors d’un interview lors de la promo pour ce livre que j’avais découvert cet auteur, et j’avais plutôt accroché à ce petit bout de femme et son point de départ, un magnat de la finance à qui une organisation mondiale secrète mais qui dirige les gouvernements et le monde remet un programme destiné à détruire le système financier mondial (sur une clé USB à l’effigie d’Hello Kitty).
Pour commencer par une note positive, moi qui m’était tellement plainte du style de Flore Vasseur dans le billet concerné, j’ai été agréablement surprise par un style plus fluide, plus réaliste, beaucoup plus agréable à lire. Peut-être est-ce parce que cette fois son personnage principal est un homme (et que ce n’est pas une autobiographie); peut-être que les critiques à l’époque du premier lui avaient fait remarquer (je ne saurai pas, je ne lis jamais les critiques des livres que j’achète – d’ailleurs moi-même, je ne considère pas que j’écris une critique, je vous fais part de mes impressions sur le livre. Mais je n’ai aucune prétention d’avoir la science infuse que certains critiques littéraires, presse écrite ou audiovisuelle, pensent détenir). Donc le début du bouquin tient ses promesses : le point de départ est bien celui décrit, le style est fluide, l’histoire accrocheuse, tout va bien.
Malheureusement, à force de flashbacks incessants sur chaque personnage secondaire (et son lien avec le principal), l’histoire ne progresse dans le temps que très lentement, et finalement très peu. Au lieu d’un roman d’anticipation sur ce qu’il pourrait arriver si les systèmes financiers s’effondraient (une sorte de Ravages de 2010), on a droit à une analyse critique en règle du système actuel et de ses dérives. Pas inintéressant en soi, mais je me suis sentie flouée. C’est vrai, quand on espère lire sur les ressorts de la nature humaine en cas de coup dur, et qu’on lit sur des événements passés à peine déguisés prétexte à justifier le geste de celui qui finalement décide de tout foutre en l’air… Moi personnellement, je n’avais pas besoin d’explications sur pourquoi le foutre en l’air, le système. C’est sa prérogative d’écrivain. D’ailleurs, Barjavel (oui, je suis fan) ne donne aucune explication au début de Ravages. Le système arrête de fonctionner, tout simplement. On a droit à une description rapide et une descente d’escaliers interminable au début du bouquin et hop, on est plongés dans la débrouille.
Mais Flore Vasseur a besoin de nous expliquer. Elle le fait d’ailleurs plutôt bien, les personnages secondaires sont sympathiques ou détestables mais construits, les histoires en flashback nous rappellent des événements réels (limite prémonitoires puisque Goldman Sachs est mis en cause), certains moments sur le passé de ce magnat qui n’est pas né avec une petite cuiller en argent dans la bouche sont même émouvants.
Au final, je ne vais pas bouder mon plaisir, le bouquin était plutôt agréable. Mais quand il se termine, c’est limite là que j’avais envie que ça commence. Sans vous déflorer l’intégralité du bouquin, en gros, la dernière page décrit les 400 kms à pied que doivent faire certains personnages dans un monde où les systèmes financiers sont plantés. Et là je me dis, ça aurait fait une superbe scène de début, ces 400 kms, comme les escaliers du début de Ravages.
Même si elle a prévu de faire une suite, Flore Vasseur, ça va pas être pour tout de suite.Bon, il va falloir que je le retrouve dans ma cave, Ravages. Ça m’a donné envie de le relire…