Fair Game : Mr et Mrs Smith deviennent les Hommes du Président

Hier soir j’ai eu la chance d’assister à la projection officielle d’un film en compétition au Festival de Cannes, Fair Game, de Doug Liman.

Au départ je ne savais pas ce que ça allait donner. J’avoue ne pas m’être rappelé immédiatement qui est Doug Liman (donc j’ai vérifié : Mr et Mrs Smith, The Bourne Identity en réalisateur, mais surtout une longue carrière de producteur), mais il y avait Naomi Watts (sur place) et Sean Penn (absent des marches), donc ça valait d’emblée le coup.

Fair Game est tirée d’une histoire vraie sur cette agent de la CIA dont le nom avait été révélé par l’équipe du Vice-Président Cheney pour décrédibiliser et déstabiliser son mari, un ancien ambassadeur qui avait osé écrire un article disant qu’il n’y avait certainement pas eu de ventes d’uranium du Niger à l’Irak, traitant donc ainsi grosso modo Bush de menteur.

Je ne vais pas bouder mon plaisir, j’ai passé un super moment. Le film s’étale sur de nombreuses années (depuis octobre 2001 jusqu’à ce que Valérie Plame parle au Congrès des US en mars 2007) sur à peine plus d’1h30, donc ça va très vite. La réalisation est brusque, le montage rapide et sec, mais ça fonctionne, à part sur les quelques scènes quand Valérie Plame, au coeur de la tourmente, rend visite à ses parents, et en particulier dans une scène plus soft entre Valérie Plame et son père, un colonel à la retraite. Mais comme le reste, ça passe vite, donc ça ne pèse pas trop sur le film.

Les interprétations sont brillantes : Naomi Watts en femme forte qui trouve son « breaking point » est lumineuse, Sean Penn en ancien diplomate bedonnant qui cherche au départ à retrouver sa gloire et son statut et réalise qu’il a pris le risque de briser sa famille est extraordinaire, et tous les seconds rôles sont parfaits, même si on les voit peu finalement.

J’ai apprécié que le film ne nous montre pas tout mais nous laisse soit imaginer, soit faire appel à notre culture générale tant historique que psychologique pour comprendre des choses qu’il n’était pas forcément besoin d’expliquer. C’est un film qu’on peut croire d’action par certaines scènes et cette réalisation si énergique, mais qui en fait soulève des questions assez clés. Même si bien sûr le film prend un point de vue et s’y tient (ou plutôt 2 points de vue, étant donné qu’il accole assez adroitement ceux de Joe et de Valérie), il n’apparaît pas comme biaisé, ou alors c’est parce qu’on a tous envie que l’administration Bush ait tort…

Ce n’est pas les Hommes du Président. Il n’y a pas de longs dialogues dans des salles de rédaction enfumées, les rares scènes qui rappellent Deep Throat (comme toute rencontre sur un banc en face du Capitole) sont courtes et moins glaçantes. Ce n’est pas Mr et Mrs Smith non plus, les scènes « d’action » sont rares et plus subtiles. Mais c’est pour moi un film comme je les aime : bien construit, bien interprété, bien ficelé. Donc si vous avez envie de passer 1h30 dans une salle obscure, ce n’est pas un mauvais choix.

Et oui, Naomi Watts en vrai est lumineuse. Mais elle n’a pas fait d’ombre à Valérie Plame Wilson, venue elle aussi hier soir sur les marches, rayonnante.

Bon, il va falloir que je lise les 2 livres dont est tiré le film maintenant… Vivement que mon iPad arrive !

Un commentaire

Les commentaires sont fermés.