Verba volant, scriptura manent

Hier, c’était le Quit Facebook Day. Il y a 15 jours, je vous disais ce que j’en pensais. Depuis quelques jours, Slate.fr publie une série d’articles sur les réseaux sociaux de géolocalisation.

Je réfléchis toujours à la question. Et à la façon dont toutes les évolutions technologiques vont en fait changer dans les habitudes prises ces dernières années, et en particulier comment les parents doivent à présent faire toute une éducation sur un monde qu’ils connaissent parfois assez mal.

C’est vrai, nous faisons partie (quand je dis nous, je parle des vieux comme moi qui avons connu le téléphone avec fil) de ceux qui ont connu le avant les réseaux sociaux. Nous avons été élevés avec l’idée qu’il fallait être poli, que tout ce qu’on faisait pouvait se retourner contre nous un jour (indépendamment de toute religiosité ou pas), et que les conséquences de nos actes étaient de notre responsabilité. Nous avons été élevés avec l’idée qu’il ne fallait pas dire répondre aux inconnus dans la rue, surtout ceux qui nous offraient des bonbons et portaient l’imperméable de Columbo.

Il m’arrive de croiser des jeunes gens de la génération, ou des 2 ou 3 générations d’après. Ceux qui échangent leurs « 06 » (et bientôt « 07 ») et leur pseudo Skype ou MSN comme nous on se passait des petits papiers sans que la prof nous voie. Ceux qui sont amis avec la terre entière sur Facebook, même des personnes qu’ils n’ont jamais vues, et à qui ils donnent accès ainsi à des informations privées. Ceux qui réalisent à présent, à la fin de leurs études, qu’effacer leurs traces numériques pour un futur employeur, ça va être coton…

Il y a donc une prise de conscience réelle et sans doute salutaire dans cette génération. Mais en fait, où reviennent-ils ? Aux bons veux adages de notre jeunesse à nous, les presque quadras qu’ils considèrent souvent comme croulants et d’un autre âge, presque aussi vieux (et parfois aussi vieux) que leurs parents. Ils réalisent que les 6 degrés de séparation, ça date d’avant les réseaux sociaux. Que les écrits, images, ou vidéos, ça reste. Et ça devient même parfois indépendant de sa (plus ou moins) bonne volonté.

Déjà, il y a quelques années, on nous disait que pour les parents, l’éducation autour d’Internet et de ses dangers (ne pas accepter de rencontrer un inconnu en vrai, etc.), c’était terrible. À présent, il faut leur expliquer que devenir Mayor de 3 bars dans la même semaine, ça peut leur porter préjudice un jour…

En fait, c’est pour les parents que ça devient difficile. Nous éduquer sur les dangers de vrais gens croisés dans la vraie vie avec de vrais imperméables, c’était faisable. Nous empêcher de sortir le soir, surveiller nos devoirs, c’était à leur portée. Bloquer les sites pornos ou pédophiles, la plupart ont compris comment faire. Mais vérifier que leur progéniture ne laisse pas de traces dommageables à long terme sur des médias où l’instantanéité est de rigueur, les éduquer sur une Netiquette qu’ils maîtrisent eux mêmes pour la plupart à peine, ça va être coton.

À tous mes amis parents, bon courage…

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