Politique, quand tu nous tiens

Bon, Klout a décidé que un de mes « topics » était la politique. Ne me demandez pas pourquoi, j’ai beau chercher, je ne comprends pas. Mais comme je n’aime pas décevoir, je vais donc parler politique aujourd’hui.

Enfin, politique… Mélenchon dans sa dernière émission télé. Et c’est déjà pas mal.

Non, c’est vrai, parler politique à visage découvert sur un blog perso non anonyme, c’est pas évident. D’abord, parce que il y a déjà plein de commentateurs politiques, médiatisés ou non, qui font cela très bien. Et que participer au débat sans redire ce qui a déjà été dit (quelles que soient les opinions), c’est un exercice délicat. Ensuite, parce que franchement, ça fait partie de mes pudeurs intrinsèques. Oui, j’en ai (des pudeurs, et de l’intrinsèque aussi d’ailleurs). Et enfin, parce qu’en plus, dans le méli-mélo ambiant, avoir une opinion c’est une chose, l’associer à un candidat des prochaines élections présidentielles, c’est compliqué. Et ne pas l’associer, c’est périlleux, ce sont les autres qui associent pour vous, et on ne sait jamais ce qu’ils vont en déduire.

Mais là, c’est pas de la politique, c’est Mélenchon. Et Mélenchon, on peut en parler à plein de degrés différents.

L’émission : Des Paroles et des Actes. Bon concept à la base. À la place d’Envoyé Spécial dans la grille, donc on tombe dessus facilement, avec Cher-et-Tendre (pour rappel, on adore Envoyé Spécial). En plus, comme on ne voit pas Pujadas au JT de 20h, on a le temps de s’y préparer, et tout.

Même si ce soir Cher-et-Tendre n’a pas fini de faire à manger avant le début, vu qu’il a déposé Bébé chez ses grands-parents (de Bébé, hein, pas de Cher-et-Tendre, il serait pas rentré à temps pour le dîner), donc les premières minutes étaient couvertes par le bruit de la viande qui grille (et qui sent divinement bon). Mais je m’égare.

Mélenchon, donc. Un « bon client » des médias. Un qui ose la cravate rouge devant les caméras. Un qui n’est pas taggé de la fameuse « langue de bois » politique. Et là j’apprends qu’il n’a pas son permis de conduire. Comme Cher-et-Tendre. Déjà qu’il le trouvait plutôt sympathique, il devient une sorte de héros personnel (Cher-et-Tendre n’a pas son permis, mais ceci est certainement un sujet pour un autre billet…).

Mélenchon. Un auto-proclamé « homme de convictions ». Un homme « complexe » dans ses choix politiques, de façon assumée, du trotskisme à Mitterand à la révolution à nouveau. Un homme qui a fait son fond de commerce de ses clashs avec les journalistes. Et qui arrive quand on le titille sur le sujet, à détourner le débat pour remettre ses idées sur la table, en particulier sa défense de la précarité de l’emploi. Il s’est même félicité que le jeune apprenti journaliste médiatisé par son clash (après une nuit de meetings, apprend-t-on) ait trouvé un CDI après la diffusion sur le Net de son interview. Dommage cela a été démenti par l’intéressé ce matin, c’aurait été une jolie histoire.

Mélenchon. En face de François Lenglet qui ose la cravate rouge. Et qui ose toujours ses graphes. Depuis la première de Des Paroles et des Actes, il adore les graphes, Lenglet. Et Mélenchon l’appelle « Monsieur Lenglet », alors que le pauvre présentateur du JT reconverti pour l’occasion en maître de cérémonie sans smoking n’a droit qu’à des « Pujadas » invectivants. Bon, d’accord, depuis le début de ce billet, je l’appelle « Mélenchon », mais sous ma plume, c’est limite affectueux. Même Cher-et-Tendre, qui a une partialité non dissimulée pour Mélenchon, est choqué par les « Pujadas » parfois (très) vifs.

Mélenchon. Qui parle de certains débats de fond comme « faire du bruit avec la bouche ». C’est mignon. Qui traite une partie du programme (au moins) de ses anciens amis d’insondable bêtise. C’est intéressant. Qui traite le Dalaï-Lama de curé. C’est amusant. Qui demande à ses intervieweurs de replacer tout dans son contexte pour que les « gens qui nous écoutent » comprennent bien. C’est vexant. C’est sans doute une bonne idée, bien sûr, sur le fond, on n’a pas tous la culture de Mélenchon ou celle des journalistes en face, qui eux en plus ont l’avantage de potasser avant de venir. Mais le faire remarquer à chaque fois est vexant. Cher-et-Tendre, qu’on ne peut soupçonner d’avoir une dent contre Mélenchon, trouve aussi cela un peu limite, même si ça lui rend parfois bien service, parce qu’il a beau être cultivé, il est Belge. Et ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit à ce sujet !

Mélenchon. Face à un grand patron de l’industrie, calme, posé, intelligent, et non controversé. Qui a des idées plutôt originales pour un « patron capitaliste ». Qui a une expérience de terrain réelle. Qui a même de l’humour (j’ai adoré « je suis prêt à ce que vous soyez beffaïque »). Et il a vraiment lu le programme, Beffa, parce que c’est le seul à qui Mélenchon ne reproche pas de ne le citer qu’à moitié. D’ailleurs, respect pour les 2, car je suis convaincue qu’ils ont vraiment et personnellement lu la prose de l’autre. C’est rare. La meilleure séquence de l’émission, selon moi, même si ce n’est pas forcément l’exercice dans lequel l’invité d’honneur a excellé. Finalement, quand il n’est pas dans l’attaque frontale, il est moins percutant, Mélenchon. Je crois même que Cher-et-Tendre, s’il ne s’était pas endormi avant la fin de l’émission (hé, on a des excuses, on a un Bébé, d’accord ?), il aurait fini par avoir envie de voter Beffa. Mais bon, Cher-et-Tendre, en Avril, il ne vote pas, il est Belge.

Mélenchon. Qui finit en beauté. Qui retrouve sa verve, sa passion, ses mots, ses gestes… On adhère ou pas aux idées, mais l’homme est presqu’attachant dans sa défense de ses convictions, finalement. Les deux derniers commentateurs sont d’ailleurs de mon avis. Cher-et-Tendre dort toujours, dommage, il aurait adoré.

Wow, j’ai jamais fait de billet aussi long, je crois. C’est épuisant d’écrire sur la politique. Je le savais, j’aurai dû écrire sur les soldes.

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