Jusque-là tout va bien

Cela va bientôt faire 3 mois que nous avons pour la plupart entendu parler du coronavirus pour la première fois. Et peu d’entre nous ont prêté attention à la première mention, n’est-ce pas ? Cela va bientôt faire 3 semaines que nous sommes entrés en France en confinement. Et aucun d’entre nous ne sait dans quelle direction nous allons, ni à quelle date nous allons en sortir.

Vous savez, vous ?

Savoir qu’on ne sait pas tout

Dans son livre Sapiens, Yuval Noah Harari suppose qu’un des drivers les plus importants de la progression de l’Homme ces 500 dernières années a été la Science, parce que certains ont accepté qu’ils ne savaient pas tout… et qu’il restait donc des sujets, et des territoires, inexplorés, à conquérir, pour apprendre plus. Aujourd’hui, nous sommes de nouveau tous confrontés collectivement au fait que nous ne savons pas, et nous en avons perdu l’habitude, sauf pour ceux qui font de la recherche fondamentale.

Bien sûr, nous acceptons tous les jours à titre individuel que nous ne savons pas quelque chose. Nous nous informons, ou nous formons pour, si cela nous paraît important. Mais la « connaissance » de ce que un individu a besoin de savoir ou d’acquérir existe quelque part. Sur Wikipedia, en suivant un MOOC, en sollicitant un expert, nous avons l’impression que si la connaissance n’est pas « en nous », elle est à portée de main, littéralement, dans nos smartphones.

Dans nos entreprises, et surtout dans nos méthodes de pilotage opérationnel et de gouvernance d’entreprise, nous acceptons bien sûr une prise de risque mesurée, conscients que nous ne pouvons pas tout prévoir. Mais nous utilisons des méthodes éprouvées, des tableaux de bord du passé sur lesquels nous appuyer, des projections du futur basées sur des analyses solides, des évaluations de risques fondées sur des analyses statistiques de plus en plus fiables.

Avant tout, la période que nous vivons est compliquée dans le quotidien, pour chaque individu, et nous sommes d’abord des êtres humains inquiets pour la santé de nos enfants, de nos parents, de nos proches, de nos amis, de nos collègues, de nous-mêmes. Nous sommes empreints d’admiration et de respect envers ceux qui sont « en première ligne », soignants, caissiers.ères, livreurs, postiers, agents de sécurité, agents de propreté, policiers, militaires, et tant d’autres. Nous sommes en tant que professionnels en télé-travail inquiets pour nos collègues, nos salariés, nos partenaires, nos fournisseurs.

Un grand saut dans l’inconnu

Mais la période est surtout compliquée parce que nous sommes à nouveau dans l’inconnu le plus complet. Nous ne savons pas combien de temps cela va durer, ni à quoi ressemblera le monde d’après. Nous ne savons pas pour certains si nos entreprises vont survivre. Si nos emplois seront maintenus. Si nos fournisseurs auront tenu le choc. Si nos clients auront le même besoin de nos produits et services. Ou a minima la même appréciation de ces produits et services, car les échelles de valeur pourraient avoir changé entre-temps.

Je me rends compte que les différents écrits, dans cette chronique du confinement, reflètent cet état jusqu’alors inconnu. On ne sait pas. On peut imaginer le meilleur ou le pire, on peut supposer que les fondamentaux humains ne changeront pas ou sont déjà bafoués, on peut apprécier les efforts de solidarité des uns ou les méthodes mercantiles des autres, mais on ne sait pas.

Vous devez comme moi voir circuler beaucoup d’articles en ce moment prédisant des dates et des scenarios de sortie du confinement en France. Des calculs d’impact sur la croissance par mois de confinement. Des projections sur les changements de comportement et les tendances « confinement » qui vont perdurer et subsister post-confinement. Mais en fait, on ne sait pas. Parce que ces projections, ces observations, ces calculs sont fait à l’instant t, au début d’une période dont la durée même a un impact sur ce que sera l’après.

Je ne sais pas ce que vous faites, vous, pour surfer sur cette vague de l’inconnu. Certains doivent s’y plaire, d’autres pas bien sûr. J’ai enfin accepté ce que je ne pouvais pas changer. Beaucoup de marques m’avaient fait miroiter le lâcher-prise, c’est un tout petit microbe qui a tenu cette promesse.

Et jusque-là tout va bien, en fait.

Photo by Paul Gilmore on Unsplash

Pour vous abonner au podcast

Revues (et Corrigées) est disponible sur Apple PodcastsGoogle PodcastsSpotifyRadio PublicBreakerPocket Cast, Overcast, Anchor, Bullhorn, Podcloud et Podcast Addict

Si vous appréciez lire ce blog ou écouter le podcast, vous pouvez m’offrir un café ou une coupe de champagne. Et laissez moi un message quand vous le faites, que je puisse vous inviter à en boire un vrai en terrasse !