J'ai cédé trop facilement peut-être ?
Cher-et-Tendre est un paniqué de la maladie, vous ne le découvrez pas. Pas au point de laver nos légumes au produit vaisselle, mais quand même, un héritage non négligeable de remèdes de grand-mère, convictions irrationnelles et élévation de certaines figures médicales au rang de gourou l’empêche parfois de prendre du recul par rapport aux sujets de santé.
Le flot constant d’informations contradictoires des autorités scientifiques n’aide évidemment pas. Il commence cependant à comprendre qu’on ne sait pas, ce qui est déjà une évolution phénoménale. Sans même me lire en plus, puisque Cher-et-Tendre ne me lit pas, vous vous rappelez ? Si ma tête de mule de mari est capable de garder l’esprit ouvert et de naviguer dans les incertitudes, j’ai presque repris foi en l’espèce humaine.
(Oui, on a ça en commun, d’être des têtes de mules. Nos disputes ressemblent furieusement à des dialogues de sourd, c’est pour ça que je ne vous les raconte pas, c’est quand même fortement dénué d’intérêt).
Même s’il m’est arrivé de questionner le sens des priorités de Cher-et-Tendre sur certains sujets, je sais que sa priorité numéro un a toujours été et restera toujours Petit d’Homme. Je n’ai – et personne qui le connaît ne peut avoir – aucun doute là-dessus. Son fils, sa bataille, faudrait pas que j’m’en aille etc. Donc même s’il a récupéré un peu de recul par rapport aux injections contradictoires de sachants scientifiques dont on a bien intégré qu’ils ne savaient en fait pas grand-chose sur le virus du moment, il préfère appliquer le principe de précaution pour tout ce qui touche de près ou de loin à Petit d’Homme.
J’ai fait une liste
Depuis les rumeurs sur la date du début du déconfinement, il est donc vent debout contre le fait de renvoyer Petit d’Homme à l’école. Il m’a même surprise, je ne m’y attendais pas. Mais j’ai bien réfléchi depuis, et j’ai fait une liste d’arguments que je vous livre, elle vaut ce qu’elle vaut, mais moi ça m’a aidé :
- L’école n’est pas obligatoire pour la première fois depuis… 1905 je crois ? Profitons-en.
- Petit d’Homme en a encore pour un paquet d’années, ce n’est pas quelques semaines – que dis-je, jours – puisqu’ils vont devoir alterner pour ne pas dépasser les 15 élèves par classe, qui vont y changer grand’chose.
- Petit d’Homme est correctement connecté à distance niveau outils, et a des parents
troptrès présents pour l’accompagner dans ses apprentissages et autres devoirs. - Petit d’Homme lui-même se dit pas très rassuré à l’idée de devoir retourner à l’école. Je le soupçonne de le formuler comme ça parce qu’il kiffe le confinement, en fait, casanier comme il est, mais je ne prends pas le risque de me tromper.
- Cher-et-Tendre y tient beaucoup – oui, ça compte quand même, surtout pour éviter les dialogues de sourd sus-mentionnés.
- Il y a de grandes chances pour que Cher-et-Tendre soit disponible pour s’en occuper pas mal en fait – un autre sujet important.
- Je ne suis plus du tout aussi sereine à l’idée d’attraper le virus. Peu inquiète jusqu’à ces histoires de caillots – je savais que c’était loin d’être une grippe, et que ce serait très long et désagréable, mais je n’avais pas peur que ce soit mortel pour nous, j’ai à présent vraiment peur en fait. Je me découvre beaucoup moins fataliste que je ne le pensais…
Donc le 11 mai, enfin plutôt le 12, puisque le 11 mai est réservé à la rentrée des profs, Petit d’Homme n’ira pas en classe, même si nous pressentons que notre département sera vert le 7 mai et le restera un moment.
J’attends lundi pour échanger avec la directrice – pas commode – de l’école et voir comment ça peut s’organiser, parce que je ne suis pas certaine que ce soit simple de gérer en même temps du présentiel et du à distance pour les maîtres et maîtresses.
Chacun ses problèmes. On devient aussi très égoïstes pendant le confinement en fait.
Photo by Jude Beck on Unsplash

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