Agilité et adaptation

Ce sont les 2 mots de l'année, non ?

Dans la – longue – liste des injonctions de tout type que nous subissons depuis le début de cette histoire de pangolin, il y a quelques mots-clés. La résilience, bien sûr. Mais beaucoup, et de plus en plus, l’adaptation, et l’agilité.

On connaissait la communication non-verbale en présentiel, nous sommes en train de collectivement inventer le non-verbal écrit. Techniquement, nous avons en fait déjà souvent utilisé l’expression « lire entre les lignes », même dans le cas d’une conversation orale. Elle n’a jamais été aussi pertinente qu’en ce moment, vous ne trouvez pas ?

L’épisode 88 n’est pas arrivé sur Spotify, allez savoir pourquoi…

Il faut donc décoder, comme on l’avait fait avec la lettre de la Directrice de l’école de Petit d’Homme. On devient des champions du décodage depuis quelques semaines.

Qui dit agilité dit aller vite et sans tabou. Qui dit adaptation dit changement.

Aller vite et sans tabou

Elle est bien bonne celle-là.

La France est le pays qui a le code du travail le plus compliqué du monde – enfin je crois, je connais pas tous les codes du travail de tous les pays du monde non plus, si je suis honnête. Mais en gros, il a fallu plus de 400 réunions d’instances du personnel à La Poste pour pouvoir mettre en place les tournées pendant le confinement.

La France est le pays qui a fait fermer la plateforme de fabrication artisanale de visière par des Makers équipés d’imprimantes 3D pour défaut d’application d’une norme. On a empêché des bénévoles de donner. Je ne pensais pas que c’était possible d’en arriver là.

La France est le pays où la moindre réforme prend des décennies à cause de l’inertie au changement de tout un tas de parties prenantes de la société – et je mets tout le monde dans le même panier, c’est endémique en France, cet immobilisme.

La France est un pays qui a, à une époque – il y a bien longtemps -, fait tomber beaucoup de tabous, mais s’est enlisé ces dernières années dans une attitude assez conformiste. Il y a en fait beaucoup de tabous. On ne peut pas revenir sur des acquis, on ne peut pas remettre en question un statu quo, on ne peut pas aborder tous les sujets…

Changement

Changer, donc. Le petit manuel de survie de ce monde post, pardon, en plein Covid, met en exergue la nécessité de changer. Changer la gestion des files d’attente. Changer les habitudes de salutations. Changer la pratique de certains métiers.

Je crois que le Français déteste le mot changement.

On est mal barrés donc.

Vous en avez vu, certainement, les réfractaires au changement. Ils sont partout. Il ne comprennent pas pourquoi « on en fait tout un plat » de la maladie.

Ils disent « mais moi je ne risque rien » ( j’aurai pu écrire plusieurs billets illustrés d’exemples de la vraie vie sur l’égoïsme mais j’ai évité, je vais me faire troller, et je préfère m’attacher à des sujets plus optimistes) quand on leur demande pourquoi ils ne portent pas de masque.

Ils refusent de limiter les réunions en visio et fliquent leurs équipes en télétravail.

Ils reposent les légumes au marché après les avoir touchés parce qu’ils ont toujours fait comme ça.

Vous en avez croisé, non ?

On va s’en sortir quand même ?

À force de répéter qu’on doit être agile et adaptable, on pratique une méthode Coué qui finira forcément par porter ses fruits. Ça sera sans doute long, on est d’accord. Mais si on ne s’y met pas, on n’y arrivera pas.

Je pense que l’idée de cette grande orchestration des éléments de langage autour des 2 mots dans le titre est là : entamer une lente percée des sujets dans l’inconscient général.

Lente. Et dans le bon sens. Parce que quand on parle de changement, vous allez me répondre, si, les Français veulent changer. Mais non. Les Français ne veulent pas changer. Ils veulent que les autres changent. Les patrons. Les collaborateurs. Les élus. Les services publics. Mais pas eux personnellement.

Cela relève de plusieurs biais cognitifs dont je vais vous éviter la liste et les explications, mais ne présage rien de bon sur les semaines qui viennent. Parce que chaque corporation – dans le plus mauvais sens du terme – est en train d’organiser une guerre des nerfs ou de tranchées pour tourner à son avantage la crise, et que à son avantage. On est tous plus malheureux que quelqu’un…

Donc si on ne repart pas en confinement, on repart en mode Gilets Jaunes, manifs ou équivalents. On est bien capable d’inventer autre chose. Les gilets bleus ? Les blouses blanches ?

L’été sera chaud.

Photo by Bluehouse Skis on Unsplash

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