Ont-elles disparues à jamais ?
En ce moment, tout ce que je lis m’énerve. Articles de presse, publications sur les réseaux sociaux, et le pire de tout, les commentaires sous les publications des réseaux sociaux…
Ce matin encore, illustrations sur mon fil Facebook sur deux sujets polémiques du moment : le « racisme des policiers » et la « fainéantise des professeurs ». Je mets des guillemets aux deux sujets, parce que les raccourcis utilisés en particulier par les médias (mainstream ou plus confidentiels), que ce soit dans les titres ou le manque de profondeur des articles, sont à la limite de la faute professionnelle.
La police
Je lis donc ce matin une publication de S., qui déclare avoir aussi croisé dans sa vie des policiers « bien », qui font leur travail – difficile – correctement, et qu’il ne faut pas mettre tous les policiers au pilori. Pour elle, il y a bien sûr des cas avérés de racisme et autres comportements inacceptables et répréhensibles, mais il ne faut pas tout généraliser. Publication modérée, nuancée même, qui ose écrire – sans d’ailleurs s’autoriser mettre quelque chiffre que ce soit – que TOUS les policiers ne sont pas pourris. Lueur d’espoir ?
Que nenni. S’ensuit dans les commentaires une bataille rangée entre les « pro » et les « anti » – parce que tout est dichotomique, vous vous rappelez ? – s’invectivant à qui mieux mieux, se lisant à peine, interprétant les phrases de l’autre forcément avec un biais presque non dissimulé. Dialogue de sourds. Sans respect, écoute, relance, preuves… Du ressenti, des conclusions à l’emporte-pièces, et une incapacité chronique à garder bonne foi et ouverture d’esprit. Des deux côtés de la barrière de pensée infranchissable qui les sépare…
Les profs
Deuxième exemple : V., prof de son état, publie un post sur lequel elle exprime son ras-le-bol du #ProfBashing et raconte de façon détaillée et factuelle la situation des profs pendant le confinement : pas de plateforme officielle qui fonctionne, pas d’équipement fourni (ni ordinateur, ni tablette, ni prise en charge du téléphone ou de la connexion Internet, etc.). Elle raconte aussi la rapidité avec laquelle les établissements et les enseignants ont dû mettre en oeuvre les consignes émises par le ministère.
Malheureusement, elle achève ce post très intéressant par deux approximations, voire contre-vérités:
- « 96% des profs sont là ». Alors même que les chiffres officiels en sont très loin. Je veux bien croire que la vérité soit supérieure à ce qu’annonce le gouvernement, mais pas dans de telles proportions.
- « le premier mort du Covid en France était un prof ». C’est faux. Le premier français mort du Covid en France était un enseignant de collège de Crépy-en-Valois âgé de 60 ans. Le premier mort du Covid en France était un touriste chinois originaire de la province du Hubei âgé de 81 ans.
Le corporatisme poussé à l’extrême… Alors que les faits, juste les faits, passaient un message à mon sens bien plus fort. Mais ça doit être moi.
Racisme
Ce qui m’embête dans tout cela, c’est que je dois à chaque instant vérifier comment les médias raccourcissent, zooment, taillent à la serpe pour ne garder que le titre choc, le prisme unique de pensée, le sensationnel… pour expliquer à Petit d’Homme ce qu’il se passe.
Pour l’école, la diversité des cas des maîtres et maîtresses de son établissement sont preuve suffisante qu’il ne faut pas généraliser et que chaque cas est particulier, heureusement.
Mais sur le racisme et/ou la police, c’est plus compliqué. Si vous me lisez ou m’écoutez régulièrement, vous savez qu’on aime bien regarder Quotidien. Ils avaient invité lundi Pascal Blanchard, le controversé historien spécialisé dans l’histoire coloniale française. Petit d’Homme était d’une attention rare – il faut dire que le monsieur parle bien et simplement. Mais à la fin de l’interview, dans lequel ont été évoqués les différents racismes – anti-noir, anti-musulman, anti-juif, anti-asiatique…-, il m’a demandé « Maman, ça existe le racisme anti-blanc ? ».
Expliqué à mon fils
Je ne voulais pas faire la même chose que les suprémacistes blancs américains qui répondent « All Lives Matter », bien sûr. Mais je ne voulais pas non plus faire de réponse monolithique. Nous avons donc détaillé la définition du mot racisme, avec mes mots, que j’espérais adapté à son âge (je vous rappelle qu’il n’a pas encore 9 ans…).
Tout dans notre société actuelle participe à toute sorte et forme de racisme, ou à tout le moins de rangement dans des cases sur des critères pourtant trop grossiers… « Le digital c’est mieux ». « Les jeunes sont irrespectueux ». « Les hommes de plus de 50 ans sont tous des harceleurs en puissance ». « Les femmes au pouvoir sont meilleures que les hommes » (non, j’rigole, celle-là, elle est vraie, c’est pour voir si vous suivez… 😉).
Alors ce que j’ai fini par dire à Petit d’Homme, c’est ce qu’on m’a expliqué quand j’étais enfant. Il y a du bon et du mauvais partout. On juge une personne sur ses actes, pas sur son appartenance à une race, une religion, un milieu social, une orientation sexuelle, un genre, une culture… Certaines personnes lui en voudront ou se moqueront de lui à cause de sa couleur de peau, sa religion, ses nationalités, sa taille, le fait qu’il porte des lunettes… Même s’il y a sans doute des statistiques réelles ou détournées qui pourraient affirmer que certaines caractéristiques sont partagées par la majorité des appartenants à un groupe, majorité ne veut pas dire totalité. Jamais. Donc en aucun cas il ne doit faire pareil.
J’espère qu’il a compris. Je vais pouvoir vérifier, c’est sans doute pas la dernière conversation qu’on a à ce sujet, lui et moi.
Photo by Markus Spiske on Unsplash

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