Si vous n'êtes pas sur Twitter, le billet qui suit va être inintéressant, voire opaque. Je préfère prévenir.
Twitter a annoncé mardi qu’ils opéraient un changement important sur la page des tendances : l’ajout d’un tweet dit « de référence », voire une courte explication du sujet.
Je ne sais pas vous, mais quand je regarde les Trending Topics (TT) sur Twitter, je me pose souvent la question de pourquoi tel ou tel sujet est en TT. S’il s’agit d’une personne, ma première pensée est qu’elle est décédée…
Changement majeur ou façade ?
Ma consommation de Twitter est revenue à un nouveau normal depuis quelques semaines. Au plus fort de la crise du Covid19, en plein confinement, j’étais connectée non-stop, en parallèle des chaînes d’infos et autres pages web de medias. Ce n’est plus le cas.
Mais même si je ne vais plus sur Twitter que quelques fois par jour – j’ai fait le choix il y a longtemps de couper les notifications -, les TT sont parfois suffisamment bizarres pour que je regarde, même si le sujet n’a rien à voir avec mes préoccupations.
Petite illustration à l’heure où j’écris ces lignes :

Voilà. Je suis curieuse de ce qu’est #OurFavoriteBoysACE. Il faut que je sache. Pas vous ?
(pour que vous profitiez de ma curiosité, il s’agit du dernier single « Favorite Boys » d’un groupe de K-pop ACE mis en ligne la nuit dernière)
Qui décide ?
Donc les TT, ce sont les hashtags les plus cités. Il suffit qu’une communauté se mobilise autour du même sujet pour faire émerger ce sujet auprès de tou.te.s – ce qui est en fait facilement manipulable.
En gros, si vous avez quelques personnes suffisamment motivées, elles peuvent tout à fait faire surgir des TT en coordonnant simplement leurs efforts voire en s’aidant de quelques bots ; il suffit de peu pour lancer la boule de neige, et la pente peut être raide… Les exemples d’hashtags créés de toutes pièces par quelques fanatiques – ce sont souvent des fanatiques – ne manquent pas, mais je ne leur ferai pas de pub…
Donc Twitter a décidé de mettre un peu d’humain dans les algorithmes, avec des curateurs et tout le toutim. C’est à la mode en ce moment, qu’on les appelle modérateurs ou curateurs, les plateformes essaient de démontrer que la technologie n’a pas le pouvoir… parce qu’il est évident que les manipulations des TT intéressent les mêmes que ceux qui propagent les fake news sur Facebook… pour les mêmes desseins.
Les humains vont donc illustrer une TT avec un tweet censé être représentatif des discussions. La prochaine fois qu’une célébrité sera en TT, je saurai donc d’un seul coup d’oeil s’il s’agit de son décès ou de son dernier opus.
Est-ce que ce sera suffisant ?
Déjà, je ne suis pas certaine que les curateurs de Twitter s’en sortent mieux que les pauvres modérateurs de Facebook, qui peinent à faire le tri et qui vivent mal les images qu’ils sont obligés de regarder…
Mais sur les TT, le réel sujet est l’intérêt même de leur existence. Est-ce vraiment nécessaire ? Est-ce que vous souhaitez vraiment savoir de quoi la France parle sur Twitter ? Est-ce que le volume de bruit est significatif de quoi que ce soit ?
Sur Twitter, vous suivez qui vous voulez, non ? Donc a priori les sources qui vous intéressent et sont susceptibles d’aborder des sujets sur lesquels vous souhaitez être informé.e. Les TT ne sont pourtant pas qu’une vanity metric de plus, en fait… C’est plutôt une façon de nous embarquer dans le mainstream. Allez, si tout le monde en parle, ça doit être important ?
Nivellement par le bas ?
Attention, j’adore Twitter. La multiplicité des sujets, la réactivité des gens, les échanges avec le collectif #BonjourPPC, certaines TL sans lesquelles ma journée n’aurait pas la même saveur, et bien évidemment les très jolies rencontres que j’y ai faites, y compris celle d’Emery Doligé que je racontais il n’y a pas si longtemps.
Mais les TT, c’est sans moi. Si c’est vraiment important au sens information du terme, un vrai media s’en emparera, non ? Donc à moins de faire partie des complotistes anti-media biberonnés à la TrumpFakeNews, on peut s’en passer.
Enfin moi, promis, j’arrête les TT. Demain. Promis.




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