L’enfance d’après

bébé entouré de mains de personnes plus âgées (noir et blanc)
J'ai beaucoup réfléchi depuis le dernier billet.

Je ne sais pas si vous avez pris le temps de lire ou d’écouter le dernier billet / épisode, mais j’y parlais d’une liste de chansons censées nous donner la pêche… et j’ai réalisé que si toutes faisaient partie de ma culture musicale (pourtant pas si énorme que cela), aucune ne datait d’après 1990… Soit plus de 20 ans avant la naissance de Petit d’Homme.

Prise de conscience

On parle beaucoup en ce moment des changements traumatiques que nous sommes en train de vivre, parce que les choses changent pour nous. Mais on parle peu de ceux qui ne partagent pas nos références de ligne de départ…. et en premier lieu nos enfants.

Les bébés nés cette année n’auront connu que masques à la place des sourires par exemple. Quel effet à long terme sur leur développement et le rapport à l’autre ? Je n’en ai aucune idée – on n’a pas le recul, et je n’ai certainement pas les compétences pour poser et encore moins lancer une étude sur le sujet, mais ça me questionne.

8 mois dans la vie de Petit d’Homme

Mon ancre, dans tout ce bin’s, c’est Petit d’Homme. Petit d’Homme et son acceptation enjouée de tout ce qui nous arrive, capable de voir le positif dans tout, en partie grâce à un caractère en or (je suis bénie, allez savoir pourquoi, vu mon sale caractère, sans parler de celui de Cher-et-Tendre carrément la preuve que deux moins font un plus, pour ceux qui se rappellent de leurs cours de physique). Mais aussi en partie parce qu’il a moins de bagages, moins de références, et au final, moins de renoncements.

À 4 ans, en moyenne section, Petit d’Homme avait déjà vécu un événement marquant. Un anniversaire dans une crêperie avec tous les parents car le samedi 14 novembre 2015 – lendemain de la terrible soirée au Stade de France et au Bataclan, dans un Paris vidé de son âme. Sans sa maman, parce qu’en réunion de comm de crise pour son boulot. Et après s’être fait virer tous les 3 le matin de notre café préféré par la police qui évacuait par précaution toutes les terrasses parisiennes.

Depuis 8 mois, il est déjà bien plus en prise avec l’actualité que je ne l’ai jamais été à son âge – et mes parents adoraient l’actualité, la commentaient, et avaient plein d’amis journalistes. Mais elle n’occupait pas notre quotidien comme aujourd’hui. Il me rappelle d’allumer la télé quand il y a une allocution. Il a son avis sur les ministres. Il reconnaît aussi les opposants… et ne les porte pas tous dans son coeur.

Mais à part ses commentaires d’enfant sur les intervenants de nos postes de télé (il n’est bien évidemment pas sur les réseaux sociaux), je n’arrive pas à savoir ce qui se passe dans sa petite tête en ce moment. Une espèce d’acceptation que tout peut basculer à tout moment. Une croyance inébranlable qu’on ne peut avoir qu’à cet âge-là que si on est tous les 3 ensemble, rien de vraiment grave ne peut arriver. Que quoi qu’il se passe, on s’adaptera, et qui sait, ce sera peut-être très bien, voire mieux.

Quel monde pour lui demain ?

La nostalgie a envahi le #Confinement #Saison1, et au-delà de la joie partagée de rire ensemble devant Louis de Funès, il s’agissait aussi de lui transmettre une part de notre enfance. On a même été jusqu’à créer nos propres soirées « classiques », grâce aux plateformes qui regorgent de dessins animés vintage ou films des années 80. En ce moment on se fait la trilogie des Retour vers le Futur, par exemple. Il nous reste le 3 pour mardi prochain.

À ce sujet, on a revu Retour vers le Futur 2 mardi dernier, censé se passer en 2015. Quand on voit en 2020 comment 1985 imaginait notre époque, c’est drôle… Même si ils avaient raison pour la visio, quand même.

Bien sûr, tout ce que nous entendions ou voyons dans notre enfance n’a pas forcément sa place aujourd’hui. L’humour par exemple. On ne peut plus rien dire, on entend souvent. C’est pas faux. Mais ça n’est pas vrai non plus. Il me semble qu’on peut, mais qu’aujourd’hui rares sont les humoristes qui ont la culture de Devos, le culot de Coluche, le flegme de Desproges…

Dans un monde polarisé qui remet en cause les fondamentaux de la culture profonde de la laïcité républicaine française, dans une république qui confond égalité des chances et des opportunités avec égalité tout court, dans un pays, meurtri de son passé et de son présent, qui n’arrive plus à imaginer son futur, au milieu d’une pandémie mondiale incontrôlable et d’une crise économique sans précédent, quel avenir pour cette génération ? Quel espoir ? Quels rêves de métier, de loisirs, de divertissements ?

Je n’en ai aucune idée. Et Petit d’Homme non plus. Contrairement à moi, il ne se projette pas trop dans le futur. C’est lui qui a raison, bien sûr.

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