On va faire du rangement, mais dans nos têtes.
Bombardé.e d’infos. Perdu.e dans les contradictions. Quand on ne sait pas ce qu’on ne sait pas, on a tendance à engranger plein de trucs sans savoir s’en dépêtrer. Et on peut rater les bonnes questions à se poser.
Prise de conscience
Je me suis longtemps tue, même avec mes plus proches, sur mon avis personnel sur cette situation inédite. Il n’y a qu’avec Cher-et-Tendre que j’avais des débats passionnants – et passionnés. (On est rarement du même avis avec Cher-et-Tendre. Je pense qu’étonnamment c’est un des ciments les plus solides de notre couple). Vous ne vous en êtes sans doute pas aperçue, parce que la majorité de mes réflexions était réservée à ces pages et au podcast. Avec beaucoup de précautions oratoires.
Depuis quelques semaines, je me lâche un peu plus. J’échange plus facilement sur mon ressenti. Et sur ce que je comprends, aussi. Je ne sais pas – et je sais que je ne sais pas. Mais j’essaie de comprendre, de démêler les infos, de me faire une opinion parcellaire – et oh combien changeante – sur la situation.
Parce qu’elle était changeante, sans doute, je l’ai longtemps gardée pour moi, mais j’ai l’impression d’arriver à quelques conclusions « immuables » quand même.
Les bonnes mauvaises questions
Ma première conviction à vous partager, c’est qu’il faut se poser les bonnes questions, parce que celles posées par les medias à longueur de journée ne sont pas les bonnes, en fait.
Un exemple ? Le passeport vaccinal. On ne peut pas répondre à la question posée par les medias « pour ou contre ». Pas parce qu’elle est trop simpliste. Même si elle l’est. De nombreux critères comme qui le pilote, qui a accès aux données, à quoi il donne droit, sont indissociables d’une opinion éclairée. Mais surtout parce qu’il ne sert à rien, ce passeport vaccinal, si on transmet toujours le virus même vacciné.
Cette question centrale qui devrait piloter la stratégie vaccinale et les décisions de reprise d’une activité normale n’a pas encore de réponse. Quelques scientifiques essaient bien de rappeler l’importance de cette réponse – attendue – quand ils sont sollicités par les journalistes. Mais les gros titres ne reprennent pas cette subtilité qu’ils estiment donc sans doute trop complexe pour nos pauvres petits cerveaux.
On peut aussi prendre pour autre exemple les avis divers et variés sur les mesures – les échanges ne sont même pas du niveau des débats sur la sélection de l’équipe de foot…
Nivellement par le bas
On subit donc en permanence une condescendance absolue de certains médias qui pensent, invitent des contradicteurs, et analysent comme on fait une story sur Instagram ou un tweet de 240 caractères. Éphémère, court, percutant, et très probablement qu’une facette de la réalité, si c’est au moins une facette et pas juste un bon gros mensonge.
Ce n’est pas la première fois que j’aborde cette inquiétude dans ces pages. Parce que la vitesse de dégradation du vivre ensemble est directement liée à la profondeur de simplicité des échanges – qui de nos jours sont limités aux réseaux sociaux ou presque, coronacrise oblige.
Les bonnes questions
Alors vivement qu’on puisse aller boire un verre en terrasse – non chauffée, je t’en veux Barbara Pompili – pour échanger des points de vue en vrai. Avec plus de mots. Plus de questions. Plus d’écoute.
J’espère que les scientifiques vont se mettre d’accord rapidement sur l’impact du vaccin sur la transmission. Et surtout qu’il y en a d’impact. Parce que si le vaccin ne sert qu’à éviter les formes graves, alors on n’aura réglé qu’un des symptômes. Le débordement du système hospitalier. Mais on devra toujours faire un test PCR avant de prendre l’avion, surtout vers des destinations moins bien dotées en vaccin que nous. (Oui, je sais, on n’a pas encore assez vacciné, mais on ne souffre pas d’un manque d’accès au vaccin en France au niveau national. Les vestiges de notre prestige sont tenaces).
En attendant, je vous laisse avec un conseil amical. Ne cherchez pas forcément la « bonne » réponse aux questions posées par les medias qui divisent l’opinion. Demandez vous surtout si ce sont les bonnes questions à poser, en fait…

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