On va faire gaffe, hein ?
À la même période l’an dernier, Cher-et-Tendre et moi nous croisions. Littéralement. Nos emplois du temps professionnels nous envoyaient à Paris chacun sur une moitié de la semaine, avec un passage de relais le mercredi matin pour que Petit d’Homme ne soit jamais seul – on est pas des parents si indignes…
On en avait marre
Forcément, ça nous pesait un peu. On avait l’impression de passer à côté de nos vies, littéralement, et le choix de vivre à Bordeaux, alors que nos activités professionnelles respectives étaient majoritairement à Paris, avait un prix un peu cher parfois.
Et puis le 17 mars
Le confinement. Le chômage partiel pour Cher-et-Tendre. La découverte du télétravail par mes clients, mes étudiants – et moi.
La vie à trois sans cesse, sans pause, sans prise de recul, sans temps pour soi. Ça s’est bien passé, attention. On a redécouvert plein de choses et c’était top, je l’ai écrit plusieurs fois.
Petit à petit, de déconfinement en couvre-feu, Cher-et-Tendre a repris ses déplacements hebdomadaires. J’ai donné quelques cours en présentiel. On a dîné avec des amis. Passé des week-ends à Paris. Organisé l’anniversaire de Petit d’Homme en laser-game avec gâteau et bougies pour ses 9 ans, comme si de rien n’était. On a même reçu les cousins de Petit d’Homme pendant les vacances de la Toussaint.
Mais depuis fin Octobre…
Depuis fin Octobre, j’ai arrêté de voir des gens. Plus aucune visite à la maison. Plus aucun déplacement. Plus aucun cours en présentiel. Plus aucune réunion en physique. Et des relations humaines physiques limitées à Cher-et-Tendre et Petit d’Homme. Ce sont mes personnes préférées au monde, forcément. Mais les autres me manquent un peu quand même.
Une bouffée d’air
Je rentre de 2 jours à Paris. Je revis. J’ai pris le train. J’ai pu voir des gens. J’ai même été à une réunion où tout le monde était physiquement dans la même pièce. J’ai dîné dans un lobby d’hôtel avec du sushi livré après 18h avec une personne qui n’est pas de mon foyer. Le rêve.
Pourtant je suis une introvertie. Je me ressource quand je suis seule. Même si j’adore les gens et que je suis aussi (et presque fondamentalement) une personne de réseau. Je me ressource dans ma bulle, de séries, de bouquins, de tricot, mais seule. Pendant ces périodes, je ne réponds même pas aux appels.
Mais je n’ai jamais été aussi heureuse de voir des gens que mardi à la gare Saint-Jean. Mardi soir dans le lobby de l’hôtel. Mercredi matin dans la rue en allant chez mon client. Mercredi dans la journée en participant à des réunions en « présentiel ». Ça ne m’a même pas pesé de porter le masque toute la journée, même si j’avoue que je n’ai pas encore chopé le truc pour éviter la buée sur les lunettes. Manque de pratique, forcément.
Je suis sur un nuage
Donc je suis toute guillerette. Moi l’agoraphobe qui déteste les foules.
J’ai eu le temps de rien, en fait. Je suis passée de la gare à l’hôtel. De visio en réunion – même au dîner. De l’hôtel au bureau de mon client. Puis retour à la gare. J’ai même fait que bosser dans le train. Mais c’était roboratif.
Même si le nombre de personnes dans les rues à pied ou en voiture après 18h était impressionnant et ne présage rien de bon pour la suite.
Je ne suis pourtant pas à plaindre. Mon installation de télétravail est plutôt confortable. Une pièce dédiée. Un moniteur pour avoir plus de confort visuel. Un bureau assis-debout pour changer de position. Je n’ai pas encore investi dans la webcam ou le ringlight pour améliorer la qualité des visios, mais c’est la prochaine étape. Et puis j’ai Petit d’Homme et Cher-et-Tendre avec qui échanger à la maison quand j’émerge de mes tunnels de visio. Sans compter Doudou, ma boule de poils tellement collante qu’on dirait un chien, ce chat.
Mais même avec tout ce confort – j’ai même installé une machine à café dans le bureau -, j’avais besoin de contact « en vrai ». Alors je n’ose imaginer ce que vivent les étudiants dans 12 mètres carrés. Les trentenaires parisiens célibataires dans 25. Les familles nombreuses sans pièce dédiée au télétravail pour les parents.
J’ai donc décidé de proposer à présent des « walking coffees ». C’est pas parce qu’on ne peut pas s’installer en terrasse qu’on ne peut pas se voir en fait. Je vais à la fois voir du monde et bouger un peu.
Qui vient marcher avec moi ?

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