Quand je vous disais qu'elle allait être longue, cette année 2021...
Je crois que j’ai déjà parlé de la série dans laquelle on vit, non ? C’est à présent officiel. Le virus écrit un scénario à rebondissement et cherche à nous surprendre à chaque fois qu’on a l’impression de respirer un peu.
Rappel des faits
Je ne suis même pas certaine que vous ayez besoin d’un rappel des faits, sauf à vivre délibérément en évitant les infos. Mais je connais des gens dans mon entourage qui ont décidé de vivre délibérément en évitant les infos. Pas Cher-et-Tendre, qui vit toujours autant scotché à BFM ou LCI selon les jours et les heures. Mais d’autres.
Donc décembre, vaccin et variant anglais. Début Janvier, début de vaccination trop lente. Quelques jours plus tard, accélération spectaculaire de la campagne de vaccins française mais annonce de Pfizer qu’ils vont avoir des retards de livraison. Et là, 4 semaines après le début des vaccins, annonce de suspicions scientifiques inquiétantes : la dangerosité du variant anglais, et la résistance au vaccin du variant sud-africain.
C’est la Chine qui doit être soulagée
On ne parle plus de la Chine, du coup. Pour simplifier les appellation des variants pour le commun des mortels, on leur donne le nom de leur origine géographique. C’est même un peu plus compliqué que cela si on parle du variant brésilien et/ou japonais. Mais dans tous les cas, c’est le bordel.
La Belgique a fermé ses frontières même aux pays de l’UE. Cher-et-Tendre et Petit d’Homme ne partiront donc pas aux vacances de Février. De toutes façons, ça fera moins de réservations à annuler quand ils annonceront le confinement vers lequel on arrive, même si on peut quand même reconnaître qu’ils auront essayé de le repousser de toutes leurs forces.
Le monde de pendant
Décidément, le monde d’après s’éloigne, et c’est le monde de pendant qu’il faut réinventer, parce qu’il dure plus longtemps que la majorité des gens n’y ont cru. Oui, je dis la majorité, mais je ne me compte pas dedans. J’étais persuadée depuis longtemps qu’il n’y aurait ni retour au monde « d’avant », ni rapidité de passage de la crise.
Le monde de pendant, donc. Celui où tout doit être pris au jour le jour. Où aucune anticipation n’est possible sans plusieurs alternatives et plans B. Où agilité et résilience, mots réservés au domaine de l’entreprise, ou même des start-ups, sont devenus des mots courants du quotidien de chacun.
Pivot salutaire
Dans notre économie sous perfusion, certains essaient pourtant de se raccrocher au monde d’avant et cherchent à y revenir le plus vite possible. Il faut bien qu’ils se résignent. C’est terminé. Même si par un miracle auquel je ne crois pas, la campagne de vaccins se déroule normalement et les variants – présents ou à venir – ne développent pas de résistance d’ici la fin de l’été, le monde d’avant ne reviendra pas.
Il me manque aussi, c’est sûr. Mais j’ai accepté que nos façons de travailler, nos habitudes de consommations, nos relations aux autres vont changer dans la durée.
Pour certaines entreprises, le message n’est pas encore reçu clairement. Pour notre gouvernement je ne sais pas, même si je regrette qu’ils soient tellement focalisés sur le maintenant comme une période transitoire qu’ils n’aient pas commencé à réfléchir sur les modifications profondes à apporter à nos institutions pour qu’elles accompagnent mieux les changements sociétaux qui se profilent.
L’exemple des indépendants
Les indépendants et leur statut sont un exemple criant de secteur où les changements sont nécessaires à court terme. Les petites avancées de l’auto-entreprenariat – pardon, micro-entreprenariat à présent sont trop peu, trop tard, trop complexes.
Entre aspirations nouvelles et offres de valeur différentes, le paradigme français du salariat à tout prix va bien devoir évoluer. Et avec ce changement, c’est tout un système social à repenser à l’aune des changements sociétaux. Code du travail, système de santé et de retraite, représentation, tout doit être repensé pour tenir compte du fait que la « force au travail » ne relèvera pas d’un statut unique, celui de salarié.
Les appréciations de dossier de crédit ou de location devront aussi s’adapter rapidement. Un indépendant ne pourra pas prouver sa solvabilité de la même manière qu’un CDI. Et il a quand même besoin de se loger…
Inertie française
Dans une France que j’aime plus que tout mais dont l’attachement aux « acquis sociaux » est un boulet assorti d’oeillères sourdes au monde qui change, ce ne sera pas un long fleuve tranquille. (oui j’ai parlé d’oeillères sourdes, oxymore s’il en est, et alors ?)
Et c’est donc ce qui m’inquiète le plus en ces temps de pandémie, de couvre-feu, de morts, de faillites évitées à coup d’argent magique et de générations éduquées par visioconférence. Je ne suis pas sure que nous soyons prêts collectivement au deuil du passé. Que nous ayons l’humilité nécessaire à la réinvention.
Du passé faisons table rase ? C’est ce dont nous sommes le moins capables. Et tout n’est pas à jeter, loin s’en faut. Mais il va falloir ajouter un autre mot à agilité et résilience.
Courage.

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