Je suis de nature et d'inclinaison scientifique.
Décidément, on est peu de choses… Je suis certaine que nous ne savons pas ce que nous ne savons pas, et qu’il y a une explication rationnelle et logique à tout, même si elle n’est pas forcément apparente au niveau actuel de nos connaissances. Et en plus, je suis plutôt du côté biochimie des sciences. ADN, CRISPR, etc.
Darwin ce héros
Comme tout scientifique de cette époque je suis fascinée par Einstein, bien sûr. Mais je dois admettre que j’ai un attachement particulier à Darwin surtout.
Et en ces temps complexes où le créationnisme fait rage aux US – où il n’y a toujours pas de programme scolaire national qui impose d’enseigner la théorie de l’évolution -, et où nous sommes à la merci du moindre fou furieux qui se réclame de telle ou telle croyance religieuse, les évolutions du virus conformément à la théorie darwinienne ont quelque chose de réconfortant.
Fascinant, non ?
Alors ce virus, il évolue exactement comme Darwin et l’ensemble de la communauté scientifique nous l’avait prédit. Il cherche à survivre et s’adapte pour survivre plus longtemps.
J’ai compris dimanche soir en écoutant le professeur Delfraissy que les deux variants les plus inquiétants – c’est-à-dire plus contagieux, plus dangereux, et probablement plus résistants aux vaccins déjà en production – étaient issus de deux des villes les plus touchées au monde : Le Cap et Manaus. L’immunité collective n’a donc pas eu lieu malgré les pourcentages hallucinants de contaminés dans ces villes. Et le virus a développé plusieurs mutations efficaces pour continuer sa progression et sa multiplication, parce qu’après tout, c’est ce qu’un virus est programmé génétiquement pour faire.
Je trouve cela absolument fascinant.
Terrifiant, quand même
En fait, ce qui était un sprint est devenu un marathon doublé d’une course de char, à embûches. Un exercice intellectuel autant que physique. Une espèce de Hunger Games où il faut faire des choix cornéliens pour survivre.
Terrifiant parce que le virus est loin d’être dans l’immobilisme. Il réagit à chacune de nos actions. On se croyait dans une course, on est en plein jeu d’échecs. Et on a du mal à anticiper son prochain coup.
Terrifiant surtout parce que le virus lui-même attaque les moins forts d’entre nous. Que ce soit les plus âgés, les plus fragiles physiquement, ou les plus démunis économiquement. Mieux vaut être beau, riche, et en bonne santé…
Inégalités béantes
Le virus appuie donc là où ça fait mal dans la théorie de Darwin. La survie du plus fort. Le plus fort physiquement. Le plus jeune. Le plus fort économiquement et qui a donc les moyens de gérer distanciation physique et télétravail. Le plus fort mentalement qui peut supporter isolement et privations de libertés et contacts humains. Le plus fort socialement, qui ne se sent pas seul.
Ce virus est un concentré d’injustices qui ne peut que nous indigner. Il a la capacité de le faire sur la durée, en plus.
Victimes de notre arrogance
Nous qui pensions avoir conquis l’espace – à défaut du temps -, sommes donc à présent punis par une de nos plus grandes fiertés : l’affranchissement des distances.
Les mouvements de population facilités par toute notre technologie – la plus polluante pour la planète, d’ailleurs – accélèrent la dispersion des différents variants et offrent des terrains de jeux nouveaux à toute mutation un tant soit peu sérieuse.
Humilité nécessaire
Il nous faut donc rapidement revenir à une grande humilité pour gérer ce qui est en train de faire de 2021 une année presque plus terrifiante que 2020.
On ne sait toujours pas, donc. On sait un peu plus, mais chaque nouvelle réponse apporte son lot de nouvelles questions. On a beau se croire supérieur à toutes les magnifiques espèces que notre consommation déraisonnée et notre incontrôlable explosion démographique ont fait peu à peu disparaître, on est peu de choses face à l’organisme vivant le plus petit…
Peu de choses, si peu…
Alors j’espère que l’ensemble de la population, du commerçant aigri au restaurateur désespéré, du politique opposant au syndicaliste démagogue, du chef d’entreprise inquiet au salarié désabusé, va se rendre compte qu’on est en fait tous dans le même bateau. Que si on ne rame pas tous dans le même sens, ça ne marche pas. C’est même plutôt contre-productif.
C’est sans doute pas étonnant qu’en ce moment les chansons faites pour donner le rythme aux rameurs (galériens ?) sont à la mode sur TikTok.

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Crédit photo : https://latavernedessciences.com/levolution-des-especes/