Un semblant de normalité, non ?
J’aurai pu évoquer aujourd’hui le début des vacances scolaires prochaines – c’est vendredi ici à Bordeaux. Vacances où le déplacement le plus exotique que nous allons faire en famille sera Paris. Mais au moins on bouge un peu.
J’ai prévu d’ailleurs de vous parler prochainement de plein de choses. Le fait qu’aller au bureau devient une fête. Qu’à cause de l’affaire Gamestop, il y a des discussions sur les autorisations pour le commun des mortels de jouer en Bourse – et que ce trou du lapin d’Alice là peut être extrêmement profond et m’inspire des réflexions assez peu amènes vis-à-vis des autres êtres humains. Ce n’est pas forcément la Bourse que j’interdirai aux stupides en premier, mais bon… Ou alors que mardi c’était le jour qui se reproduit sans fin dans le film Le Jour de la Marmotte, qui est devenu une référence absolue sur notre ressenti de cette période assez rébarbative de dodo-boulot-dodo sans sortir de chez soi.
Le jour des crêpes
Mais mardi c’était aussi la Chandeleur. Le jour des crêpes, quoi. Tout le monde aime les crêpes. Enfin je crois. Je n’ai pas fait de sondage. Mais pour moi, les crêpes, c’est ma madeleine de Proust.
Quand j’étais petite, feu mon papa faisait régulièrement du dimanche soir un dîner spécial. Un dîner « goûter ». Crêpes. Crème fraîche avec du Benco dedans (si vous ne connaissez pas, essayez, c’est délicieux, même si probablement pas sain du tout, surtout quand on rajoute du sucre). Petit déjeuner le soir, donc café au lait et tartines beurrées qu’on trempait dedans… Mais des crêpes, surtout.
Une poêle
Quand je me suis installée seule, feu mon papa m’a donné une poêle à crêpes. C’est loin d’être le seul truc que mes parents m’ont donné pour m’aider à m’installer, mais un des rares que j’ai toujours plus de 20 ans plus tard. Comme je l’utilise peu, elle est en parfait état.
Je l’utilise peu, parce que j’ai fait des crêpes pour la première fois à la même période l’an dernier. Il reste quelques éléments de culture collective, et Petit d’Homme voulait qu’on célèbre la Chandeleur. J’étais incapable de lui expliquer l’origine de cette tradition, mais ça ne le dérangeait pas. Ce qui compte pour lui, c’est de manger des crêpes, pas de savoir pourquoi. Je sens que j’ai raté un truc dans son éducation.
Une bizarrerie
Je fais un aparté un petit moment pour préciser que nous sommes bizarres, Petit d’Homme et moi. Enfin j’imagine que je suis à blâmer pour lui avoir transmis ma bizarrerie, pour être honnête. Nous mangeons les crêpes complètement nature. Sans rien dessus. Du tout. Même pas de sucre.
Cher-et-Tendre nous prend pour des barbares. Mais je crois qu’on est juste des puristes de la crêpe. Elles ont donc intérêt à être savoureuses, parce que rien ne vient masquer le goût de la crêpe. Ce n’est pas juste un support à pâte à tartiner ou confiture.
Un challenge
Je l’ai dit régulièrement ici, je ne suis pas cuisinière. Mais comme Cher-et-Tendre rechigne à s’occuper des desserts, j’ai bien dû m’y mettre. Donc c’est moi qui ai dû faire les crêpes l’an dernier, et cette année encore.
Je manquais de temps, donc c’est Cher-et-Tendre qui a suivi pas à pas la recette la plus facile trouvée sur Marmiton l’an dernier. C’est super Marmiton, vous pouvez trier les recettes par degré de complexité, et je ne me risque jamais à essayer quelque chose de moins facile que « très facile ». Cher-et-Tendre aurait pu, lui, remarquez. Mais j’avais bien aimé l’an dernier, et ça ne prenait que 15 minutes. De toutes façons, à quel point ça peut être difficile, la pâte à crêpes ?
Ma contribution cette année a donc été réduite à la cuisson. Mais c’est important la cuisson. Pour l’aspect, bien sûr. L’épaisseur – Cher-et-Tendre est un psychopathe des crêpes ultra-fines, parce qu’il ne les fait pas, mais il les mange, quand même. La texture, parce qu’une crêpe trop cuite… Là aussi Cher-et-Tendre est intraitable. Mais il a le droit d’être exigeant, il cuisine bien mieux que moi.
Stress en cuisine
Et puis c’est stressant, la cuisson, parce que ça se passe dans la cuisine, domaine réservé de Cher-et-Tendre s’il en est. L’an dernier, il travaillait à Paris le soir de la Chandeleur. Cette année, sans le Covid, il aurait dû y être aussi. Mais couvre-feu oblige, ses cours du mardi soir n’ont pas lieu, donc il part très tôt le mercredi matin.
Il était donc là hier soir, et mon emploi du temps m’a obligé à cuire les crêpes en pleine préparation du dîner. Vous avez déjà essayé de faire des crêpes, fines de surcroît, sans les abîmer, avec un chef émérite qui regarde par dessus votre épaule dans une toute petite cuisine où il a aussi un truc sur la plaque et un autre dans le four ? C’est pas drôle.
Mais j’ai réussi. C’est grâce à la poêle, je suis sure. Merci papa.

Pour vous abonner au podcast
Revues (et Corrigées) est disponible sur Apple Podcasts, Google Podcasts, Spotify, Radio Public, Breaker, Pocket Cast, Overcast, Anchor, Bullhorn, Podcloud et Podcast Addict
Si vous appréciez lire ce blog ou écouter le podcast, vous pouvez m’offrir un café ou une coupe de champagne. Et laissez moi un message quand vous le faites, que je puisse vous inviter à en boire un vrai en terrasse !
Photo by Jean Gerber on Unsplash