À fleur de peau

no phone day
Vous ne trouvez pas qu'on devient hypersensible ?

Je suis de nature plutôt dure, même si je pleure comme une madeleine devant This is Us ou Grey’s Anatomy. La vie la vraie m’a enseigné de rester forte et digne en toutes circonstances – sauf devant la télé, donc. J’aurai même pu citer La Petite Maison dans la Prairie mais c’est un peu clivant pour mes lecteurs et auditeurs qui n’appartiennent pas à la génération X.

Samedi matin, il y a eu une explosion à Bordeaux. Sans doute une fuite de gaz. Dans le quartier très bobo des Chartrons. Et quand j’ai appris la nouvelle, mon coeur s’est serré. Je crois que je deviens hypersensible.

Je nous pensais devenir égoïstes

Est-ce que la période nous a rendu plus empathiques ? Plus anxieux, c’est sûr. Mais empathiques, je ne le pensais pas.

On a commencé par applaudir les soignants, et autres travailleurs « de première ligne », souvenez-vous. Mais depuis ce premier élan de solidarité, j’avais l’impression d’un repli égoïste plus que d’une empathie galopante.

J’en ai d’ailleurs marre, des revendications de tout un chacun. Je ne nie pas les problèmes spécifiques que créent les décisions ou la situation. Mais si on ne se prend pas plus en main pour voir l’intérêt du collectif avant l’intérêt individuel, on ne va jamais s’en sortir…

Je sais, je tourne en boucle sur ce sujet.

C’est peut-être juste moi

Alors je me dis que c’est peut-être juste moi. Je deviens hypersensible. Juste moi, qui ai de la peine quand je vois les files d’étudiants devant les banques alimentaires. Juste moi, qui suis émue aux larmes par le sort des enfants maltraités ou battus à mort. Juste moi, qui trouve Tapie émouvant quand il passe chez Delahousse alors que je sais à quel point il a fait des horreurs…

J’espère que non. Comme le disait Sting, si notre humanité ne nous lie pas, alors à quoi on se raccroche pour arrêter de se haïr ?

Un flot de nouvelles

Dans ce monde ultra-connecté où des nouvelles de plus en plus petites circulent de plus en plus vite vers de plus en plus de monde, on fatigue vite pourtant. Je comprends que ça en désensibilise certain.e.s. Je ne comprends pas pourquoi je deviens hypersensible.

Parce que c’est épuisant d’être empathique. Ça draine. Ça demande des ressources infinies pour rebondir. On se sent bête, un peu aussi. Par exemple, je me suis précipitée sur mon WhatsApp de Conseil d’Administration de parents d’élèves vérifier que tout le monde allait bien. Même si l’école est de l’autre côté de la ville. J’ai à peine eu une réponse d’ailleurs.

La matinée après l’explosion, Cher-et-Tendre et moi avons pourtant reçu pléthore de SMS et d’appels sur le sujet. C’était gentil. On a pro-activement appelé nos parents histoire qu’ils ne s’inquiètent pas, du coup. Donc je ne suis probablement pas la seule à penser aux autres dans ces cas-là.

Certes, des appels ou SMS des très proches. Mais pour les moins proches, j’ai eu peur qu’ils ne s’inquiètent aussi un peu. Alors j’ai posté sur Facebook – sur lequel je ne poste que ces billets d’habitude – pour les rassurer.

En fait, je crois que je l’ai toujours été, hypersensible. C’est la carapace qui craquelle.

Le trou du lapin d’Alice

C’est sûr que je pourrai arrêter de m’informer, me direz-vous. Arrêter d’être branchée en permanence sur les newsletters à la fois généralistes (infos) et professionnelles (la liste des sujets est longue, si ça vous intéresse ma newsletter hebdomadaire est disponible ici). Arrêter de regarder Twitter qui est devenu une énième source d’informations. Arrêter de suivre des liens dans des articles pour en savoir plus.

Ça m’arrive pourtant pour des périodes plus ou moins longues. J’ai dérouté mes abonnements sur une adresse spécifique sur Stoop Inbox pour que les newslettter n’arrivent pas dans mes inbox pros ou perso. J’ai supprimé toutes les notifications de mon téléphone, à part appels (ça vibre) et SMS (ça vibre aussi), pour ne pas me précipiter sur Twitter dès qu’il se passe quelque chose. J’ai désactivé les applications d’infos de mon téléphone parce que ça allait trop souvent, trop vite.

Je croyais donc avoir repris le contrôle sur ma consommation d’infos, et de mon téléphone en général d’ailleurs. Aujourd’hui, dimanche 7 février, est la deuxième des 3 journées sans smartphone d’affilée pour 2021. Vous le saviez ? Et bien, je n’arrive pas à me résoudre à le laisser dans une autre pièce.

Allez, jetez-moi la première pierre.

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