La fin d’une époque

Devanture Gibert Jeune fermée
Vous aussi, vous y alliez, fin Août ?

Les jours passent et se ressemblent… Aujourd’hui j’apprend une autre disparition, mais pas d’un être humain. D’une institution.

Je suis parisienne de coeur, j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire et le dire. Parisienne pour de vrai, et j’ai même été en école d’ingénieur… en plein quartier latin. À 2 pas du Panthéon. Et tout près de Gibert Jeune.

Jeune ou Joseph ?

Pour ceux qui ne connaissent pas, Gibert, c’était pendant longtemps 2 enseignes. Enfin au tout début, une seule, mais les fils du fondateur avaient choisi de vivre leur héritage de façon indépendante et concurrentielle, et ont créé Gibert Joseph et Gibert Jeune. Jusqu’à une fusion plusieurs générations après, en 2017.

Parce que Gibert, ça a démarré à la fin du XIXe siècle. XIXe. Une longévité rare donc… et presque terminée. Je te recommande la lecture de l’article du Monde qui raconte toute l’histoire, je te mets le lien à la fin de l’article.

Bien sûr, on ne parle que de l’immeuble mythique. Une sombre histoire de rachat des murs, et de volonté du nouveau propriétaire d’augmenter le loyer. Pas sure que la période soit propice à changer de locataire à Paris, mais bon, c’est le problème du propriétaire. Mais sans l’immeuble mythique, et de nos jours, est-ce que Gibert peut survivre encore longtemps ?

Souvenirs, souvenirs

J’ai fait les files de Gibert pour les bouquins d’occasion, à essayer de trouver ceux qui avaient le moins de gribouillis… Et celles à la fin de l’année scolaire pour aller revendre les bouquins.

J’ai fait les allées de dingue regarder les couvertures de bouquins, feuilleter, lire les quatrième de couv…

J’ai retrouvé des potes devant Gibert, en tournant sur la place parce qu’on avait oublié de se préciser quel Gibert, au siècle dernier, quand on n’avait pas de portable pour se prévenir ou se trouver.

Gibert Jeune, me sentir vieille ?

Pas du tout. Enfin un peu. Nostalgique, surtout.

À notre arrivée à Bordeaux, j’ai découvert Mollat. Une librairie magnifique, à l’ancienne, avec des libraires qui s’y connaissent, comme chez Gibert ou à la Fnac des Ternes quand elle s’appelait encore Wagram et qu’elle était à la place du Décathlon. Mais qui ne fait pas dans le livre d’occasion raturé, gribouillé, surligné…

Il en reste ? Je sais qu’il y a des sites, j’ai d’ailleurs vendu beaucoup sur Momox pour alléger le départ vers Bordeaux. Je sais que des lycées organisent des bourses aux livres entre anciens et nouveaux d’un niveau. Mais que reste-t-il de ces allées noires de monde où on essayait de feuilleter rapidement un grand nombre d’exemplaires pour dénicher celui qui avait le moins de notes, ou au contraire les notes les plus utiles ?

Se renouveler

Bon, je sais, je suis passée de 2021 et ClubHouse aux années 70s depuis plusieurs billets. Désolée.

Est-ce que cette crise ce n’est pas ça aussi ? Cette alternance d’humeurs, cette perméabilité aux sujets, cette sensibilité à la disparition des choses connues, ce saut dans un futur dont on a du mal à définir les contours… et les impacts ?

Je ne sais pas si plus de choses – et de gens – disparaissent ou si j’y suis simplement plus sensible, en fait. Parce que des choses – et des gens – disparaissaient tous les jours avant aussi.

Promis, le prochain billet je parle de la Covid19 à nouveau. Mais je ne vous garantis pas que ce sera plus joyeux…

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Lien article du Monde : https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/02/24/a-paris-la-fermeture-de-la-librairie-gibert-jeune-tourne-la-page-de-la-place-du-savoir_6070982_3246.html