Noyé·e·s dans les chiffres

On comprend toujours rien, et on ne sait toujours pas.

Ça va durer encore longtemps ?

J’ai fait une énorme erreur en début de semaine. Suite à un pari bête avec Cher-et-Tendre, j’ai creusé les chiffres de la pandémie. Donc j’ai été sur CovidTracker. Et j’ai appris qu’on avait en moyenne en France plus de 75% de variant anglais…

Data Viz

Je ne sais pas si les autres pays ont la même proportion. Le site donne quelques infos sur les autres pays, mais pas la proportion de variant. Enfin je crois. Parce qu’une fois qu’on est tombé sur les graphes et qu’on commence à jouer avec, c’est un peu le trou du lapin d’Alice.

Comme j’adore les DataViz (data visualisation, visualisation de données, en français), je me suis mise à jouer avec tous les critères, et ils sont nombreux. Les pays à inclure ou pas. Les sujets sur lesquels remonter les chiffres. La façon de compter (moyenne de 7 jours glissante, chiffres cumulés, pourcentage de la population…).

Par exemple, j’ai découvert que Israel, qui a donc distribué plus de doses que sa population totale (à cause des 2 doses nécessaires, forcément), a vacciné presque 10 millions de personnes au moins une fois. En nombre absolu, ils sont pile entre l’Allemagne et la France. En pourcentage, ils explosent tous les pays du monde.

Il y a quelque chose de roborratif à jouer avec les graphes. Enfin, roborratif et angoissant.

La part de variant, donc. mais aussi le pourcentage de vaccinés. Ou la pente fortement ascendante des cas, qui ne présage rien de bon, confinement en extérieur ou pas. On n’est pas sortis de l’auberge. Même si on doit sortir de chez nous sans avoir d’auberge où aller.

Régionalisation

Enfin, quand je dis on, on n’est pas (encore) concernés dans ma belle ville de Bordeaux. Quand on sort, on a encore quelques endroits où aller. Des commerces ouverts au-delà des coiffeurs et des disquaires, commerces essentiels s’il en est, n’est-ce pas ? Mais on peut toujours pas aller au restau ni se poser en terrasse, malgré les 20 degrés qui nous attendent cette semaine.

C’est déjà ça, me direz-vous ? Sans doute. Mais c’est long quand même. Alors je refais le monde sur ClubHouse au lieu d’une terrasse de café. Ça réduit les distances. Ça crée des belles rencontres. Ça fait tomber dans un autre trou du lapin d’Alice…

En plus, on sait que ça ne va pas durer. J’ai trituré les graphes de Covid Tracker dans tous les sens, et les graphes ne trompent pas. La vague monte, et elle sera terrible. On va probablement être confinés en extérieur d’ici 2 à 3 semaines. Pile pour les vacances de Pâques. On a bien fait de partir s’aérer dans les Landes le week-end dernier.

On peut encore s’indigner

Alors pour s’occuper on s’indigne. Sur la disparition des chiffres romains, par exemple. Encore un nivellement par le bas dont nous ne remonterons pas. J’ai appris aussi que les enfants n’apprenaient plus à lire l’heure donc ils ont mis des horloges en chiffres dans les écoles, parce que les aiguilles c’est compliqué. Et comme on lit des opinions en 280 caractères, l’argumentation ça devient compliqué. La nuance n’existait déjà plus, la culture disparaît aussi. Et c’est plus grave que un an sans salles de cinéma ou théâtres, je trouve.

Mais la plus grande raison d’indignation ces derniers jours, c’est l’attitude de Canal + autour du cas Pierre Menès. Après #MeToo, #BalanceTonPorc et tout ça, la chaîne protège un homme qui s’est permis des choses ignobles – et face caméra, donc on ne peut pas dire que c’est la parole de la victime contre la sienne. Nivellement par le bas, encore. Je résilierai bien pour la peine, mais ils ont encore du contenu qui nous intéresse. Pas le foot, mais d’autres trucs. Alors je suis lâche et je reste abonnée.

Billet en petite forme aujourd’hui. C’est le supplice chinois de ne pas savoir quand la vague va nous tomber dessus, ni ce qu’elle va emporter avec elle, de libertés, de vies, de routines… A la rigueur, je préfèrerai presque qu’ils nous enferment tous chez nous 3 mois, qu’on ne puisse sortir que pour aller chercher à manger et se faire vacciner. Et l’opération du genou de Cher-et-Tendre, quand même. Non en fait c’est pas vrai. Je ne préfèrerai pas. Mais ne pas savoir, c’est presque pire.

On peut encore se réjouir

Alors on finit sur une note positive. Les ventes de livres (les vrais, en papier, dont on discute avec son libraire qui lui aussi peut rester ouvert où qu’il soit en France) augmentent grâce à… TikTok. Une vague de TikTokeuses (majoritairement des filles) qui se filment au début et à la fin d’une lecture, généralement en pleurs à la fin d’ailleurs, a permis un regain d’intérêt pour des bouquins sortis il y a parfois des dizaines d’années.

Du coup, je suis moins réticente à laisser Petit d’Homme aller sur la plateforme. Un jour, hein. Pas tout de suite. Il faut qu’il parle anglais d’abord, les jeunes femmes en question sont aux US. En France, la mode n’a pas encore pris. Dans un pays qui a décidé d’oublier les aiguilles de montre et les chiffres romains, ça ne m’étonne guère.

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