Rumeurs et tremblements

Johnny et PPDA aux Guignols de l'Info
On vit suspendu au jeudi soir.

Bon. On s’est bien marré quelques jours avec cet énorme bateau coincé, les toutes petites pelleteuses envoyées à sa rescousse pour le dégager, les memes sur Twitter avec des ballons à l’hélium pour le soulever… mais est-ce si drôle ?

Monde interconnecté

L’effet papillon est de pire en pire. Un bateau est pris dans une tempête au mauvais endroit, et la pénurie de PQ tant redoutée il y a un an pointe son nez. Le pétrole augmente puisqu’on va en avoir plus besoin pour faire faire aux autres bateaux – enfin ceux pas coincés, parce qu’il y aurait près de 400 bateaux en galère en amont ou en aval de celui coincé – près de 9000 kms de détour pour éviter le canal. Le bon double effet kiss cool ? Les élèves qui vont devoir apprendre son histoire, au canal, sauront de quoi on parle. Ou a minima s’y intéresseront. Trop de memes ou de vidéos TikTok ont circulé.

Plus sérieusement, depuis 1 an, on comprend ce que veut dire la mondialisation. Les politiques de tout bord parlaient de délocalisation de l’emploi. En fait, c’est l’interconnexion de tout avec tout. Un bateau dans le canal de Suez et le PQ, donc. Un chinois qui mange dans un marché et le transport aérien. Des techos qui font une appli de visio et notre rapport à notre lieu de travail.

C’est pour cela que les nationalistes ou trumpistes ou d’autres istes n’ont vraiment rien compris, au-delà de vivre à l’âge de pierre dans leur tête et dans leur coeur. On ne peut plus faire abstraction du reste du monde. Jamais. Dans rien. Qu’on le veuille ou non, les produits qu’on consomme au quotidien arrivent de partout, les produits ou services qu’on produit partent partout, et l’isolationnisme ne mènera jamais nulle part. Point.

Maudit jeudi

Je saute complètement du coq à l’âne pour vous parler du jeudi. Parce que je dis jeudi. Vous avez la référence ?

Quand j’étais jeune, au siècle dernier, le jeudi, c’était le soir cool. En école d’ingénieur, c’était le soir des soirées Kfêt et autres réjouissances estudiantines du quartier latin. En fac américaine, c’était le soir de Friends et Urgences, la première année (et toutes les autres) de Friends et Urgences, qu’on allait regarder en bande dans un bar ou dans la salle commune du dorm – enfin plus souvent dans un bar quand même. Jeune professionnelle, c’était le soir de la pinte au pub à Londres. Le jeudi, c’était le jour où tout était permis parce que même si il y avait école ou travail le lendemain, on pouvait être « un peu » fatigué, parce que il ne restait plus qu’une journée, justement.

Et puis « je dis jeudi », c’était quand même une des répliques cultes d’une marionnette culte d’une émission culte.

Mais depuis des mois, le jeudi, c’est anxiogène. On commence à en parler dès le lundi, du jeudi. Et pas pour se demander sur quelle terrasse on va aller se poser pour refaire le monde. Loin de là. Pour essayer de deviner quel journaliste a la bonne fuite. Quelle source est la plus fiable. À quels changements nous allons encore devoir faire face et nous adapter.

Le jeudi, c’est le jour où on pourrait débriefer du Top Chef de la veille. Planifier nos trajets (à distance limitée ou non selon notre département) autour de nos domiciles pour le week-end et s’assurer qu’ils soient réalisables entre 6h et 19h. Faire le stock de bulles et autres alcools de fête pour nos apéros Zooms. Mais non.

Le jeudi, c’est le jour où on regarde à 18h des hommes blancs, devant un pupitre blanc, sur un fond blanc, débiter des chiffres effrayants, féliciter des efforts dont on sait qu’ils ne sont pas partagés par tous, et annoncer des nouvelles qui ont pour la plupart déjà fuité quelques jours avant mais qu’on ne va pas réussir à s’empêcher de tweeter. Si on les a comprises, parce qu’il y a 2 semaines, c’était pas évident.

Bref, j’aime plus le jeudi.

Un truc à faire

Si jeudi, à 18h, vous avez envie de faire autre chose que regarder Véran et Salomon, vous pouvez à la place cliquer sur le lien dans le tweet et voter pour Revues et Corrigées dans les catégories qui vous plaisent :

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Enfin je dis jeudi, mais quand je dis jeudi, c’est pas forcément jeudi en fait. Vous avez jusqu’à samedi soir 23h59, donc n’attendez pas trop, quand même ?

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Photo Google images extraite des Guignols de l’Info