Le galop du naturel

Fête sauvage aux Invalides à Paris le 12 juin 2021
Ou le naturel du galop, remarque.

Je m’étais laissée détourner de ce sujet qui me tient à coeur à cause de la gifle, priorité aux actualités. Mais je vous avais promis d’y revenir, et j’y tiens, j’vous dis. Donc j’y reviens.

Le naturel…

Je constate du laisser-aller dans les comportements. Je ne parle pas des épiphénomènes médiatisés genre fête géante aux Invalides, non. Je parle du retour ou de l’absence de petites choses que je pensais acquises dans les habitudes après 15 mois de pandémie.

Par exemple, en sortant du tram, il ne reste quasiment plus que nous qui nous arrêtons pour se nettoyer les mains au gel hydro-alcoolique. Même si je sais que les Français ne font pas partie des peuples les plus hygiéniques, j’espérais – sans y croire vraiment, je l’avoue – que nous aurions au moins appris cela, et que l’hiver prochain on aurait moins de gastro. Au vu des pratiques de ceux qui prennent le tram en même temps que moi, non seulement on aura le retour de la gastro, mais aussi le retour de la Covid.

Je ne devrai pas juger, je déteste avoir les mains poisseuses et j’avais déjà un stock de gel à la maison avant le premier confinement. Au moins 2 flacons par sac à main, quoi qu’il arrive, et quelle que soit la taille du sac. J’évite d’empiler les assiettes quand je débarrasse la table, pour que le dessous reste propre quand je les mets dans le lave-vaisselle. Ça rajoute des aller-retours, certes. Mais je préfère.

J’en ai même vu se dire bonjour avec la bise. La bise !!! Le truc des années 2019, quoi. Dont la disparition ne me fait pas mal. Au contraire. Ça évitait les joues gluantes suite à l’imposition labiale de mecs qu’on ne connaît pas – alors que quand ils ne connaissent pas les hommes, ils leur serrent la main. Mais non, c’est déjà de retour, et les serrages de main aussi.

Le galop…

Ne vous méprenez pas, je suis ravie qu’on rouvre les terrasses, les restaus, les cinés, et tout le reste. Ravie. Je crois que la première semaine j’ai fait une terrasse par jour minimum, d’ailleurs. Je suis pour les réunions à plus de 6, en extérieur si possible. Je me réjouis de participer à un événement physique la semaine prochaine, dans le respect le plus total d’un protocole sanitaire strict.

Mais je crains quand même que la parenthèse de l’été ne soit que cela, une parenthèse. Entre le plateau des vaccinations et la fausse impression d’immunité conférée par les (excellents) chiffres de contamination, hospitalisations, et décès, on court à la catastrophe en Septembre.

Dans les cours de neurosciences appliquées au marketing, sur le nudge ou l’application des biais cognitifs au copywriting, j’enseigne à mes étudiants qu’il faut au moins une 20aine de fois pour qu’une habitude se crée. Parfois plus de 200 fois, certes. Mais la majorité est entre les 2.

Et ça doit faire bien plus que 200 fois qu’on met un masque. Qu’on dit bonjour avec le poing ou le coude. Et certainement plus de 2000 fois qu’on met du gel hydro-alcoolique après avoir touché une barre de transports en commun, non ?

La nature humaine

Cher-et-Tendre, hygiéniste s’il en est, râle aussi sur les mains. En revanche, il est très tolérant avec les jeunes qui faisaient la fête aux Invalides pendant que d’autres avaient la chance de voir le couvre-feu repoussé pour la fin du match d’anthologie Nadal-Djoko. « C’est injuste », il m’a dit.

Injuste ? Mais c’est quoi le rapport entre des gens masqués, silencieux la plupart du temps, assis, à bonne distance les uns des autres (et non alcoolisés) et d’autres sans masques, transpirants et hurlant, dansant, sautant dans les bras les uns des autres (et pour une partie sans doute ronds comme des queues de pelle) ? Ils étaient en extérieur, c’est à peu près le seul point commun que je leur ai trouvé.

C’est dingue quand même. « Oh c’est trop injuste, eux ils ont le droit et pas nous »… Et le contexte alors ? Et les risques alors ? C’est comme quand Petit d’Homme me dit que ses copains, leur mère ne leur fait pas écrire les mots de la dictée ou ne les oblige pas à lire un livre (outre le fait que je ne suis pas sure de l’entière véracité de ses propos). So what ? On s’en fout en fait. Peut-être que ces mères, elles ont d’autres façons de faire réviser les mots ? Peut-être que ses copains, ils ont une mémoire plus visuelle que kinéthésique ? Et peut-être aussi qu’elles n’accordent pas la même importance que moi à l’orthographe ?

Mes parents m’ont toujours dit « et si tes copains se jetaient par la fenêtre, tu irais aussi ? ». J’essaie d’éviter de le dire devant Petit d’Homme, ça m’a beaucoup marqué plus jeune. Mais parfois, ça me brûle les lèvres. Comme d’autres proverbes dont je me ferai une joie de vous parler un de ces jours.

Donc j’ai des leçons à revendre, des proverbes et autres maximes à prononcer avec un regard entendu #NousSachons, et l’envie de crier à tout le monde dans la rue de porter son masque correctement et de se mettre du gel sur les mains.

La pandémie a eu raison de ma santé mentale, vous croyez ? Ou je suis juste (a)normalement atta-chiante ?

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