French-bashing, French-loving…

drapeau français

Je suis Française, mais j’me soigne, comme dirait l’autre. On peut sortir la française de France, mais pas la France de la française. Ça fonctionne aussi pour Paris, d’ailleurs, mais ce n’est pas le sujet du jour.

Et les Français sont merveilleux. Ce sont d’autres qui le disent, en fait.

Sport national

En France, on adore râler. J’ai souvent eu l’occasion dans ces pages et ce podcast d’évoquer notre éternelle envie de nous plaindre. Notre condition d’éternels insatisfaits. Notre propension à considérer comme acquis depuis des lustres des choses qui datent d’il y a quelques années, quelques mois, quelques semaines… Certains y voient un charme désuet mais vital pour préserver un certain art de vivre et une notion de la liberté, d’autres y attachent une inertie dangereuse et un refus de modernité qui peuvent coûter cher. Comme souvent, la réalité est ailleurs, et surtout entre les deux.

En France, donc, les réactions à la pandémie et aux contraintes imposées par le bon sens et la science, n’en déplaise à ceux qui blâment le gouvernement (puisqu’il faut bien un récipiendaire de toute cette insatisfaction), prennent des proportions qu’on n’a pas vu dans d’autres pays, quel que soit leur système gouvernemental et leur historique démocratique. Parce que nous sommes bel et bien encore une démocratie, malgré ce que clament haut et fort les anti-tout qu’on entend vociférer à longueur de CNews.

Outre-Atlantique

Comme je suis une française qui est sortie de France pas mal, et qui ne parle pas que le français, je me compare, ça m’évite de me désoler trop. Et pour me comparer, je m’informe, beaucoup, de plein de sources différentes. (et là je te reparle de Flint ou depuis le temps tu as compris ?)

Et depuis quelques semaines, je vois ici et là dans des médias étrangers, et majoritairement américains, de nombreux articles vantant les mérites de la France. Le choix du pass sanitaire bien avant que d’autres ne s’y mettent, y compris ceux qui avaient juré qu’on ne les y prendrait pas. L’emballage de l’Arc de Triomphe. Le film gagnant au Festival de Venise. Le choix de Wes Andersen de tourner à Angoulême. Et la décision de ne pas laisser Eric Zemmour continuer de prendre la parole sur C-News (comparée dans TOUS les articles sur le sujet à Fox News).

La culture, le cinéma « d’auteur » ou « d’art et d’essai » selon les formules consacrées, les règles d’égalité de temps de parole en politique qui laissent pantois outre-Atlantique… Les américains ne nous envient pas (plus ?) que notre cuisine et notre haute-couture.

Pourtant, nous, français de France, on continue de râler.

Jamais contents

Le plus étonnant, c’est que les entreprises françaises, dont les premiers clients sont souvent en France, donc, ont baissé les bras. Elles n’essaient même pas d’avoir un service client digne de ce nom. Elles préfèrent râler, elles aussi, sur la concurrence soit-disant déloyale des mastodontes américains qui ont bien compris eux que la fidélité client se cultive.

Alors au lieu de se lamenter sur la préférence nationale, si on se motivait pour l’excellence de service ? Contrairement aux idées reçues, un bon service client qui personnalise la réponse et prend le temps de la découverte du problème ne coûte pas plus cher car il fait juste du premier coup. Donc comparé aux 8 ou 10 ou 20 échanges nécessaires après que le client insiste, si tant est qu’il ne résilie pas purement et simplement sans autre forme de procès, c’est plus rentable. J’ai malheureusement encore vécu le cas récemment avec un service pour ma (toute) petite entreprise, et j’ai fini par basculer sur un mastodonte américain. C’est dommage.

J’en ai autant au service des consommateurs et clients français bien sûr. À force d’avoir des impôts qui financent ce qui apparaît comme gratuit et qui ne l’est pas dans de nombreux pays (éducation, infrastructure et santé en tête), nos compatriotes ont pris l’habitude de la gratuité et ne connaissent plus la valeur des choses. Ils déversent leurs données personnelles dans des serveurs américains ou chinois sans état d’âme, mais rechignent à payer un abonnement à un média en ligne payant ou laisser un « tip » à un créateur de contenu qu’ils estiment pourtant de qualité. Ils veulent une culture subventionnée et la poursuite de l’exception française, mais n’hésitent pas à pirater les films ou séries diffusés sur des plateformes pour lesquelles ils ne veulent pas payer l’abonnement.

Liberté, égalité, fraternité… et contradiction.

En fait, les Français sont des êtres humains comme les autres.

Photo by Anthony Choren on Unsplash


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