Des Paroles et Des Actes, à ne jamais manquer !

Ah, ils m’ont tout perturbé, à le mettre le mardi soir, le Président, alors du coup j’ai raté le début.

C’est l’avantage avec Des Paroles et des Actes, même quand on a raté, on arrive à suivre. C’est pas aussi compliqué qu’un épisode de Lost, par exemple. Sauf si on rate le refus de débattre de Marine Le Pen, et encore, elle a répété ses raisons tellement de fois qu’on pouvait rattraper.

Là, en l’occurrence, pas compliqué, donc. J’ai allumé à 21h15, et c’était le Président face à la première intervieweuse. Bon, j’ai raté les questions. J’avais pas appris grand-chose la dernière fois, mais là j’aurai bien aimé savoir où il allait fêter sa victoire, le cas échéant, le Président. Je saurai pas.

Vous le savez, ma séquence préférée, c’est celle qui me permet d’admirer les cravates de François Lenglet. En plus, là, j’étais curieuse de l’accueil qu’il allait avoir, parce que lors de sa dernière interview du Président, on peut pas dire qu’il avait été apprécié (par le Président, s’entend, moi, ce jour là, il avait une super cravate, j’ai adoré). Et ça a pas loupé, le Président, il lui dit « Bonsoir » en regardant par terre. Il devait se mirer dans ses chaussures ou se dire qu’il fallait les cirer, je sais pas.

Et ça continue… « Soyons précis, monsieur Lenglet ». « Ça m’étonne d’un homme compétent comme vous, un tableau aussi incomplet » même s’il reconnaît que les chiffres sont incontestables… « Ce n’est pas exact », qui devient sa réponse systématique, ou du moins son début de réponse systématique…

Et comme avec Marine, le réalisateur nous montre les fiches. Moins brouillon que Marine, le Président. Pas de PQR qui traîne. Des feuilles blanches, écrites à la main, avec des soulignements précis mais pas à la règle, de couleur, et tout. C’est souvent au moment de François Lenglet qu’il montre les fiches, il a raison, au moment où il a changé de plan, je me demandais s’il connaissait les chiffres par cœur, le Président…

Et comme d’habitude, après les graphes, le candidat, en l’occurrence, ici, le Président, conteste les chiffres en reprenant des calculs compliqués et en rappelant son programme. Le Président, il va encore plus loin, il annonce des trucs pas encore connus, comme la taxe sur les bénéfices mondiaux des « grands groupes ». Y compris sur les bénéfices pas faits en France, pour éviter les avantages fiscaux. François Lenglet est dubitatif, moi aussi, et pourtant, je suis moins fortiche en économie que lui. Mais je suis pas sûre que ce soit légal au niveau mondial, ça… Et ça va pas faire partir les sièges sociaux à l’étranger ? Mais bon je digresse, là, revenons au cœur du sujet.

N’empêche que sur Twitter, ça s’agite, autour des questions de François Lenglet. Christophe Barbier (@C_Barbier) le salue même d’un « François Lenglet s’affirme dans cette campagne comme l’un des meilleurs interviewers économiques. » Ben vrai, ça. Mais je suis déçue, il ne dit rien sur sa cravate… Pas assez de places en 140 caractères ? Un de mes Twittos préférés (il a raison Bernard Pivot, Twittos c’est pas très beau), Alexis Thobellem (@EasyAlexis) précise qu’il a fallu 45 minutes pour que le Président redevienne lui-même. Moi je pense qu’il a fallu François Lenglet.

Et en plus, elle est magnifique sa cravate ce soir.

Mais bon, les meilleures choses ayant une fin, c’est l’heure de Fabien Namias. Je l’aime bien aussi, Namias, même s’il a de moins belles cravates. Là il est en gris sur chemise blanche et costume noir. Ça clashe moins que la cravate en relief violette sur le costume finement rayé de David Pujadas, mais bon, c’est pas folichon, quand même.

Et il attaque fort, Namias, tout en grisaille qu’il est. Il compare des propositions de Marine le Pen avec celles du Président. Qui commence sa réponse en étant pas mauvais. Qui conclut aussi en précisant là où il n’est pas d’accord avec Marine le Pen. Parce qu’il y a des exemples. Et puis il l’embête encore Namias, avec des erreurs passées dont il doit s’expliquer, le Président. Moi en tous cas j’ai appris que le poste de président de l’Epad, c’était sans rémunération. Il a réussi à faire passer le message, le Président, je suis sure que de nombreux français étaient dans mon cas d’ignorance ignare (oui, c’est un pléonasme, mais c’est parce que j’ai honte de ne pas le savoir). Et d’autres choses, mais Namias, désolée, je décroche parfois. Donc je suis pas sure d’être capable de relater ici ce qu’il s’est passé.

Et là, le grand moment. Laurent Fabius. Twitter bruisse de bruits que je ne répèterai pas ici, sur les parallèles possibles entre les vies privées des deux hommes, que la décence m’interdit de nommer ici comme dirait Brassens. Et le Président, il ne refuse pas de débattre. Il ne laisse même pas Fabius finir sa première question, il l’attaque dès son préambule (« je ne vous savais pas si sensible »), et oblige en quelque sorte Fabius à lâcher sa première question et à répondre immédiatement à une citation (elles ont bien bossé, les petites mains du Président). Et quand il conclut sa réponse, Fabius, et qu’il essaie vainement de reprendre son propos, le Président garde le contrôle du débat, et relance un autre sujet. Il y a 15 jours on avait l’absence de débat, là on a le débat dans le débat. Trop de débat tue-t-il le débat ? La question se pose immédiatement, et ça fait pas 3 minutes que Fabius est arrivé sur le plateau… Je suis fière, en plus, Fabius a l’air d’accord avec moi que la séquence Lenglet était la meilleure, il arrête pas de le citer. Un effet gang des chauves ?

Le débat a réussi à garder Cher-et-Tendre éveillé jusque là, mais bon, là, il commence à se faire tard… Même si « votre bilan, c’est votre boulet », j’adore, perso, ça sonne super bien, il est temps de passer à la télé de la chambre. Les insultes commencent à fuser, ça devient drôle… On va bien se marrer, dans la chambre.