Bon, attention, spoiler, je fais avec les bouquins comme avec les séries, je les lis en version originale (quand je maîtrise la langue), donc j’ai déjà lu les 3 tomes de 50 nuances de Grey, Fifty Shades of Grey dans le texte. Donc si vous venez de vous précipiter acheter le tome 2, et que vous brûlez d’anticipation à l’idée de lire la suite des aventures d’Anastasia et Christian, ne lisez pas la suite, je parle ici des 3 tomes, dont celui pas encore traduit.
Quelle belle idée marketing de nos éditeurs nationaux d’ailleurs, ce décalage de traduction ! Ils auraient franchement pu sortir les tomes 2 et 3 en même temps, le 3 est dispo quand même depuis un moment (je l’ai acheté sur Kindle il y a plus de 6 semaines, et pas dès sa sortie), mais bon, il faut faire monter le suspens… Ils nous avaient déjà fait le coup avec Harry Potter. Comme Cher-et-Tendre ne lit pas de « Mummy-porn », je ne suis pas les sorties en France sur ce coup-là, donc je ne sais pas s’ils ont fait la même chose, avec ouverture de certains points de vente à minuit, des files d’attente interminables, des produits dérivés en tout genre (ce qui d’ailleurs devrait détonner dans une librairie, mais ce serait amusant à imaginer, le fouet, le jean râpé, la miniature de l’hélicoptère, etc.). Il faudrait que je me renseigne.
J’ai lu la trilogie donc. En partant en vacances (oui, je sais, je vous ai pas raconté mes vacances, mais là c’est trop tard, beaucoup trop de boulot en rentrant), j’avais chargé le Kindle à mort dans l’heure qui précédait le taxi, entre la fin des valises et la préparation du sac à langer du voyage pour que Bébé ne manque de rien. Donc inutile de vous dire que j’ai un peu paniqué. Et que j’ai acheté d’un coup la trilogie des 50 nuances. En me disant que vu le nombre de gens qui l’avaient lue, au pire, même si c’était nul, je saurai de quoi ils parlent.
Et comme j’ai été élevé par la Mamie 2.0 avec des principes bien établis qu’on finit ce qu’on a commencé, surtout un bouquin, et que le Kindle te titille en affichant à chaque page à combien de pour cents tu en es de ta lecture, impossible de m’arrêter à 33%. Ou à 68%. J’ai donc fini les 3 bouquins.
Et j’ai maudit Mamie 2.0. Parce que parfois il fallait quand même que je me force.
Que les desperate housewives du Midwest aient été émoustillées à l’idée qu’un couple pouvait aussi se construire sur une relation passionnelle et « musclée », soit. Mais que pour les mentalités bien-pensantes, il faille en plus que l’héroïne soit vierge, que le prince charmant soit richissime, et qu’ils trouvent la rédemption et l’équilibre (tout en gardant leurs « jeux ») dans la parentalité, là, franchement, c’est exagéré.
Au début, en plus, c’est assez long à démarrer. Je n’avais pas lu de littérature érotique depuis Anais Nin, donc ça faisait un bail, mais j’avais un vague souvenir que ça démarrait vite et fort, d’habitude. Là, non. On se donne l’alibi qu’il y a une histoire derrière. Avec des sentiments, de la psychologie, de l’amitié, des sous, un psychopathe, et tout. On mélange les styles littéraires de narration en y collant un peu d’épistolaire (enfin, mails, mais de nos jours c’est tout pareil), on fait des raccourcis à des endroits incompréhensibles (comment Anastasia a tout raconté à Kate par exemple), on fait des changements incessants de temps dans le troisième tome pour faire passer ces raccourcis, on s’attarde pour la 50ème fois (eh eh) sur les mêmes pratiques sexuelles en boucle, avec une variété de termes qui ferait rougir un Thésaurus, et l’Amérique profonde crie au génie.
Ben pas moi. J’ai un peu le sentiment d’avoir lu un essai d’étudiant en littérature qui a voulu mettre tous ses cours dans le même bouquin. Du sexe, de l’amour à la Barbara Cartland, avec le beau riche ténébreux compliqué que l’héroïne innocente et sensible va séduire malgré elle, un peu de suspens avec non pas 1 mais 2 psychopathes qui menacent leurs vies, des couples comme dans Hélène et les garçons où le frère de l’un épouse la meilleure amie de l’autre, et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Enfin 2 à la fin du 3ème tome, mais on sent qu’ils ne vont pas s’arrêter de suite. Et des styles littéraires sans queue ni tête (ah ah ah, pas de jeu de mots), surtout dans le 3ème tome où un fast-forward, essaimé de flashbacks, du coup, essaie de nous faire croire qu’on lit de la grande littérature. Regardez, je sais changer de style ! C’est fatiguant en fait.
D’un autre côté, si vous voulez avoir un sujet de conversation aux dîners en ville, et que vous avez quelques heures de transat à occuper, ça se laisse lire. C’est un peu comme les mauvaises séries, mal filmées, mal jouées, et où on sait d’avance ce qui va se passer. Parfois on reste scotché devant parce que justement, on sait d’avance ce qui va se passer.
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