Le rapport au temps

Le rapport au temps

On est à quelques minutes de l’intervention du Premier ministre, donc ce billet risque d’être publié en retard. Je préfère quand même l’écrire avant, il va me falloir quelques heures pour digérer, je déteste commenter à chaud, on dit souvent des bêtises. Surtout que j’ai peur qu’il dise encore bravo aux Français qui respectent le confinement. Je préfèrerai qu’il dise WTF à ceux qui ne le respectent pas. Parce qu’on entend de plus en plus de voitures dans notre rue, et que mes amis confinés à Paris disent voir de plus en plus de gens par leurs fenêtres. Pas certaine que les gens aient compris que le 11 mai ce n’est que le début du déconfinement, pas le retour à la normale. J’espère qu’il va le dire, quand même.

Comment c’est passé votre week-end ?

Nous c’était plutôt tranquille. On s’est organisé pour les devoirs de vacances de Petit d’Homme avec Mamie – sa première fiche de lecture, qui mieux que Mamie, ils vont se FaceTimer tous les jours au fur et à mesure qu’il lit les chapitres, ça m’évitera de m’énerver et ça évitera à Cher-et-tendre de lire le bouquin. On avait eu l’idée avant le JT de 20h d’hier soir qui montrait un grand-père aider en maths ses petits-enfants. Mamie, les maths, c’est pas son truc. Petit d’Homme si. Alors que les livres… c’est l’inverse. Tout le monde y gagne.

On a fait pas mal de jeux aussi. Vu que je bosse beaucoup la semaine, on n’avait pas pu jouer à trois depuis le week-end dernier. Petit d’Homme a gagné au Monopoly et perdu à La Bonne Paye. On n’a même pas gagné beaucoup d’heures sans écran, le Monopoly c’était sur la Switch. Oui, on est des parents médiocres. À ce stade du confinement, on assume.

J’ai commencé un ouvrage en tricot au point de côtes 2/2. Le plus complexe que j’ai eu à faire pour l’instant. J’ai fait 14 rangs. Il en faut 46 de plus pour finir le manchon. Pas super utile avant l’été, mais je serai prête pour l’hiver prochain. J’aime bien anticiper, vous le saviez.

Bref, on s’est occupés. Pour ne pas compter les jours, pour ne pas compter les heures, pour ne pas cuisiner trop parce qu’on n’a toujours pas d’eau dans la cuisine – les vaisselles relèvent du travail à la chaîne, avec Cher-et-Tendre qui va vider les seaux – les, parce qu’on en a mis 2 en alternance pour ne pas s’interrompre pendant le vidage – on devient des experts de la survie en milieu hostile.

Et ensuite ?

Une des choses les plus déconcertantes pendant le confinement c’est la perte de repères temporels. Les jours et les semaines se ressemblent. La télé en linéaire nous aide à nous repérer (JT de 13, film du début d’après midi, jeux, JT de 20h…), heureusement. Grâce aux changements de présentateurs on arrive à deviner que c’est le week-end. Mais ce rapport au temps est quand même sacrément bousculé, au point qu’on risque de rater le Premier Ministre si on n’a pas les yeux rivés sur la montre. Ce qu’on essaie de ne pas faire pour ne pas se stresser de la lenteur du temps…

Un des temps avec lesquels j’ai perdu le lien, c’est le temps de sommeil. Vous dormez bien vous ? Je pense que mon subconscient n’a pas l’habitude de mon lâcher-prise. Il bosse en surchauffe la nuit pour traiter les angoisses et me permettre de passer les journées à peu près sereine. Résultat, je dors peu. Et mal. Donc vraiment peu. Sauf quand je dois donner cours à 8h30 du matin et que je n’entends pas le réveil. Il m’en veut, mon subconscient, il se venge comme il peut. Il me contrôle mieux, d’habitude.

Ça ne me stresse pas plus que ça, pourtant, de ne plus avoir les yeux rivés sur ma montre comme à l’accoutumée. Il y a un côté assez magique à cet lâcher-prise sur le calendrier et l’horloge, pour moi dont la vie a tellement été rythmée par cela – études, boulot, voyages, planification, organisation, anticipation, ne jamais être en retard, essayer de ne pas être trop en avance…

J’espère que ça va durer après le confinement.

Photo by sydney Rae on Unsplash

Pour vous abonner au podcast

Revues (et Corrigées) est disponible sur Apple PodcastsGoogle PodcastsSpotifyRadio PublicBreakerPocket Cast, Overcast, Anchor, Bullhorn, Podcloud et Podcast Addict

Si vous appréciez lire ce blog ou écouter le podcast, vous pouvez m’offrir un café ou une coupe de champagne. Et laissez moi un message quand vous le faites, que je puisse vous inviter à en boire un vrai en terrasse !