Retour aux sources

J'ai deux amours, mes hommes et Paris...

Aujourd’hui c’était le grand retour à Paris pour la première fois depuis le 12 mars. J’appréhendais un peu de ne pas reconnaître « ma » ville… Mais si.

Pour ceux qui m’ont découverte avec ce blog / podcast, et qui seraient étonné.e.s de me voir appeler Paris ma ville, je n’ai pas toujours été bordelaise. Loin s’en faut. J’étais (je suis ?) une parisienne pure souche qui estime que Neuilly c’est la banlieue, le périph une forteresse en dehors de laquelle point de salut, et tellement parisienne que je n’ai jamais vécu que dans 1 seul arrondissement en presque 35 ans… Et plusieurs appartements, que ce soit encore chez mes parents ou seule – puis avec Cher-et-Tendre, puis Doudou, puis Petit d’Homme (dans cet ordre-là).

J’aime tellement Paris, que quand je faisais mes études aux US, au siècle dernier donc, j’avais une seule façon de combattre le jetlag d’arrivée, vous savez, celui qui vous plombe à midi parce que vous n’avez pas dormi de la nuit dans le vol qui accuse le plus le décalage horaire… C’était de marcher. Mais pas n’importe où. Sur la route que j’avais prise pendant 3 ans d’affilée matin et soir en bus, et que j’ai redécouverte aujourd’hui.

La ligne 84

Je vous avais déjà dit ne pas aimer les bains de foule, c’est pas peu dire, je suis plus agoraphobe que claustrophobe, et j’évite les métros souterrains autant que faire se peut. C’était pire quand j’étais plus jeune, donc, bien que le trajet en RER de mes parents à mon école d’ingénieur – oui, je vivais chez mes parents – ne prenne que 20 minutes, je préférais faire les 40 minutes de bus de la quasi-totalité de la ligne 84. À l’époque, on fumait encore dans les avions, et les voies sur berge n’étaient pas fermées à la circulation… donc ça roulait. Surtout quand les cours commençaient à 8h du matin. C’est-à-dire tous les jours.

Une fois partie vivre aux US, donc, les matins d’atterrissage, après les cafés que me faisait mon papa et le déballage de la valise quand elle était arrivée avec moi – c’est à dire pas souvent -, je partais faire la ligne 84… Mais à pied. Madeleine, rue Royale, Concorde, boulevard Saint-Germain, Sèvres-Babylone, boulevard Raspail… pour arriver au Panthéon. Quoi de plus magnifique que cette ligne quand on aime Paris ?

Ma madeleine de Proust

Il se trouve que ce soir je dors tout près de Sèvres-Babylone, et que j’avais un rendez-vous juste derrière la porte de Courcelles… Donc l’appli RATP m’a proposé de prendre la ligne 84. Ça faisait bien 20 ans que je ne l’avais pas prise…

Étonnamment, non seulement le bus était à moitié vide, mais la circulation était plutôt fluide. Je dis étonnamment, mais Cher-et-Tendre m’avait prévenu, même la ligne 13 était à moitié vide ces derniers temps…

Je n’ai donc pas regretté une minute que le port du masque m’empêche de m’adonner à mon activité préférée dans le bus, qui est de passer des coups de fil. J’ai regardé par la fenêtre. C’était magique.

Parce qu’en plus que le bus soit vide, la circulation était fluide. Très fluide. Un chouia de ralentissement pour passer devant l’Assemblée Nationale au retour, vers 16h. Sinon nickel.

Mes étonnements du jour

Sont plus nombreux que l’émerveillement d’avoir repris cette ligne par un heureux hasard auquel je ne m’attendais pas.

Ils construisent les tribunes à la Concorde comme si le 14 juillet allait se passer normalement. Je suis dubitative sur cette idée…

J’ai pas trop mal supporté le masque. Le TGV, le bus, autant d’endroits où le masque est obligatoire et pour un long moment, alors qu’à Bordeaux on est rarement obligé de le porter plus de 20 ou 30 minutes d’affilée. Ça a été en fait.

D’ailleurs, la seule personne qui a refusé de porter le masque dans le TGV était une femme aux cheveux blancs, assise à côté d’une autre femme qui lui a fait remarquer – et lui a demandé de se soumettre à la règle. La vieille – parce que vous le savez, les p’tits vieux qui se croient tout permis, ça m’énerve – lui a répondu « Je ne le supporte pas ». Parce que nous on supporte peut-être ? Ben non. Mais on se force. Quand on pense qu’a priori ça la protège elle plus que nous, vu les statistiques de complications et décès, j’hallucine. Feu mon papa disait, « ma liberté individuelle s’arrête où commencent celles des autres ». La dame, elle connaissait pas mon papa.

Mais elle a été s’installer ailleurs.

Photo by Dmitriy Nushtaev on Unsplash

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